Dopés
à toutes les wave eighties, le trio Superlux,
déferlante d'immédiateté, arbore sans complexe sa
devise "music for dancing poetic modern
people" et déjoue le paradoxe en parvenant à
glisser un brin de poésie dans ce monde de bits.
Si
Winchester
Fanfare
est le premier album paraphé Superlux,
le groupe nous faisait déjà vibrer sous le nom d'Electrolux,
patronyme auquel on doit concéder une poésie toute électroménagère,
mais qui recèle une musique sans commune mesure avec
ces odes au lave-linge qui traînent un peu partout, et
auxquelles on ne peut se soustraire dès que l'on dit
"électro" un peu trop fort. Qui traînent un
peu partout sauf ici. Car nous sommes en Belgique. A Liège
exactement.
Basse
modeste, guitare enragée, posent le décor où tout se
joue. Quelques strophes portées par la voix
charismatique d'Elena Chane-Alune relayée force
contraste par un choeur masculin angoissant
d'impersonnalité façonnent cette étrange alchimie
musicale qui se danse autant qu'elle s'écoute.
Alternance saccadée de passages aigus, rapides,
bondissants avec d'autres, graves, pesants. Comme pour
reprendre son souffle.
L'album
regorge de titres absolument immédiats et sonne comme
un best-of joyeusement désorganisé. Deux notes
apparaissent. Donnent naissance à cette sirène,
colonne vertébrale du morceau d'ouverture de Winchester
Fanfare, autour de laquelle s'articulent un choeur
et une basse tout aussi binaires. Deux morceaux
instrumentaux viennent enrichir l'album, dont
l'excellent Assomption II, et ses samples si bien
insérés qu'ils semblent chantés à même la mélodie.
La palette s'étoffe ponctuellement d'aérophones, de
cuivres, de rhodes, et se révèle assez riche pour
accoucher d'une atmosphère particulière, stimulante et
confortable, qui s'empare peu à peu de l'auditeur.
Le
trio belge s'offre en outre le luxe de chanter en français,
pari assez rare pour être souligné chez les indépendants.
Les textes, empruntés d'un quotidien décalé, sont
joliment évocateurs. Ca parle avec légèreté ou
gravité de moi, de toi et moi, et de tout ça.
Cependant,
tout chauvin que l'on est, on préfèrera la version
belge de l'album. La reprise de Fade to grey fait
cruellement défaut, et la greffe du E de Alarme
pour les besoins de l'exportation n'occulte en rien
certains remaniements parfois malheureux.
Les
motifs, tellement simples, se fondent les uns dans les
autres pour former ces mélodies tellement enflammées.
Peut-être la force de l'album réside-t-elle là. Parce
que ces sacrés belges ont la faculté de transformer le
plomb en or, parce qu'ils savent surpasser la somme des
parties, parce que la note qui vient est celle que l'on
attend, parce qu'il faut écouter plutôt que disserter,
parce que tout cela, la dissection des morceaux,
la focalisation sur telle prestation de tel instrument
sont de vaines entreprises. On ne retient qu'une irrépressible
envie de danser de cet album que l'on s'empresse de
repasser.
Fabrice
Berro
Tracklist
:
01.
Alarme
02.
Rococo Pink
03.
Ne m'Oubliez Pas Mermaid
04.
Baby Boo
05.
Alison Kirk
06.
Miss Moon
07.
Monnaie Du Pape
08.
Microbiota
09.
Sexy Rexy
10.
Assomption II
11.
Tabloid
12.
Thunderstuck
Date
de sortie
: 2006
Plus+
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