The
Divine Comedy - Absent friends
1/2
Parlophone/Labels
– 2004
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Deuxième album chez Parlophone pour Neil Hannon,
depuis la fin de l’aventure indé chez Setanta. Il
repart à zéro, sous la coupe mixante de Nigel
Godrich (qu’on ne présente plus depuis Radiohead)
pour ce nouvel opus sobrement intitulé absent
friends. Neil Hannon reprend donc les rênes
de SON projet, lourde le groupe qui l’accompagnait
depuis Regeneration et s’attèle seul à la
composition de ce nouveau disque pour lequel il invite Yann
Tiersen à venir jouer de l’accordéon sur Sticks
and Stones.
Si
Regeneration était annoncé par l’auteur comme
un album de transition entre l’emphase à la limite du
boursouflement cuivré et « violon-nant » de
ses précédents opus et une volonté de toucher à une
musique plus immédiatement rock ; qu’en est-il
de cette évolution
programmée sur un Absent friends qui se
replie sur une version orchestre non big band?
Peut-être refroidi par l’accueil mitigé de Regeneration,
Hannon revient sur ses pas et propose un album où
la guitare acoustique, le violon, les cordes,
les cuivres, le hautbois et le piano sont maîtres
du jeu. Retour à des morceaux gavés de levure Vahiné ?
Pas vraiment. On n’est pas ici dans l’exagération
à la « futuriste russe » de Fin de siècle ;
mais ce serait un mensonge de dire qu’on s’en vient
boire un verre
avec les amis absents de Promenade ou Liberation.
Très
orchestrales et pas assez pop pour trinquer de la sorte,
les compositions d’Absent friends n’ont dès
lors pas non plus cette immédiateté mélodique un peu
"fendarde" et légère qui faisaient notre
bonheur sur les premiers albums du dandy. Seul Come
Home Billy Bird et Charmed life
s’inscrivent dans la lignée de ces deux premiers
albums de Divine Comedy.
Plus vieux, père de famille et fort d’une réputation
de poète maudit à défendre, Neil Hannon
intellectualise, " romantise",
son propos et limite le côté badin. Grand écart
qui limite la spontanéité. Il évite le ludique et
cherche l’élevé tout en essayant constamment d’éviter
l’emphase croissante de ses albums depuis le mix pop/
orchestre qu’était Casanova. Absent friends plage
titulaire de l’album, placée en ouverture de l’édition
française, avec son intro qui hésite entre western
60’s et le grand orchestre de James Last,
rappelle d’ailleurs, elle seule, cette période de
faste un peu outrancier.
A
l’addition,
Divine Comedy nous délivre un album conçu
pour faire plaisir aux inconditionnels du groupe. Ceux
qui ont appris déjà à aimer ces mélodies un peu stylées,
un brin prétentieuses ou classieuses, mais aussi les
revirements stylistiques du bonhomme. Des adeptes qui
seront en terrain connu dans cet album qui pioche dans
le passé de DC les éléments qui ont, année
après année, fait la réputation de la formation. Des
fans qui risquent pourtant d’être un peu déroutés,
à l’instar de cotre serviteur, par un album très
(trop ?) lisse qui plait sans convaincre vraiment.
Tant il est déroutant de voir Hannon explorer sa
face sombre et mûre en recourant aux artifices ingénieux
des orchestres classiques, tout en délaissant par
contre très souvent le gimmick mélodique qui
arrondissait les angles et allongeait le sourire sur les
précédents opus. Ce petit souffle d’air frais qui
installait le titre durablement au creux des neurones.
On laissera donc l’album prendre la la bouteille, méticuleusement
disposé à côté du reste de sa discographie, dans
notre discothèque. On lui trouvera quelques mérites même,
tout en se demandant si on le réécoutera à fonds un
jour où s’il aura définitivement tourné vinaigre.
Denis
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