Depuis
12 ans, les ondes devaient se contenter d’anciens opus
de Kate Bush.
L’icône des années 80 y avait fait tout sauf de
la chanson. Depuis
la tentative de coller à l’air du temps, en 1993,
avec un déceptif the
red shoes,
Kate Bush a
porté bien haut les joies de sa maternité et s’est
donnée entièrement à l’éducation de son Bertie
de rejeton. Son retour aux affaires musicales est donc
en soi un événement digne d’intérêt.
Il
faut, pour apprécier le disque à sa juste valeur, en
finir avec les attentes forcément déçues.
La mère Bush
n’est plus la pâle et tourmentée jeune femme, qui
vivait dans un monde en gris clair et gris foncé
quelque part au milieu des eighties (sensual
world, hounds of love).
Son univers de monstres échappés du film labyrinth
a vécu. On reconnaît pourtant ici à Kate
Bush le mérite de s’affranchir du passé. Aerial
n’est ni une cure de jeunisme, ni la vaine tentative
de courir après la formule qui fit mouche jadis. Non.
Par contre il témoigne d’un apaisement global d’une
femme de 47 ans qui a diamétralement changé de vie.
Avec quelques réussites prouvant que celle qu’elle
est aujourd’hui fut un jour celle qu’elle fut, mais
aussi certaines évolutions musicales qu’on a du mal
à porter au pinacle, tout en les respectant.
Il
y a sur le double album Aerial
deux bombes de singles, ramenant l’auditeur au bon
vieux, temps, ou plutôt, lui permettant de perpétuer
une démarche entamée il y a près de 20 ans : King
of the mountain,
très Bushien,
un peu grandiloquent, un peu emphatique mais diablement
efficace ; et Mrs
Bartolozzi, l’histoire
amoureuse et mélancolique d’une femme au foyer, où
la fée Kate
parvient avec brio à faire du mot « washing
machine » le parangon du romantisme moderne.
Forts. Très forts même. Mais plutôt isolés sur ce
double album.
C’est
que ce « concept album » à la jolie
pochette qu’on croirait évadée d’un Dead
can Dance,
fait la part belle aux sonorités, à l’enveloppe, au
charme. Et, s’il ne comporte pas son compte de singles
radiophoniques, il tend à explorer les arrangements, la
richesse des instruments utilisés qui donnent au final
un disque un peu « baroque », un peu jazz et
un peu lisse par moments. Kate
Bush y étire les formats, les chansons se déroulent,
lovent leurs atmosphères et s’évanouissent en brume
mélancolique. La voix de la chanteuse a pris de
l’assurance, et se pose en maîtresse de cérémonie.
Très bien torché et produit au demeurant.
Aerial
est un petit monde en soi. Un petit monde cocon,
romantique et tourné vers son propre nombril. Surtout
sur a sea
of honey première
partie de ce double. Chaleureux et intime parfois,
rarement extravagant, universel parce que très
personnel. La seconde partie de ce petit univers a
sky of honey
semble plus adulte, plus ouverte, et moins intéressante
pour l’amateur de pop. Kate
Bush y explore la nature qui environne son petit
univers, les structures plus classiques de la musique et
une certaine idée du New Age de nos parents. Ce second
album, fait des hauts et de bas pour l’auditeur, mine
un peu l’agréable sensation provoquée par la première
partie de l’opus.
Reste
que Kate Bush
est un monstre sacré, qu’elle surprend et ne cède
pas à la facilité, quand bien même le résultat n’a
plus le mordant des disques de sa jeunesse. Respect, à
défaut d’adhésion totale.
Denis
Verloes
Tracklist
:
Disque
1 ("A
Sea
Of
Honey
")
01.
King Of The Mountain
02.
Pi
03.
Bertie
04.
Mrs Bartolozzi
05.
How To Be Invisible
06.
Joanni
07. A
Coral Room
Disque
2 ("A Sky Of Honey")
01.
Prelude
02.
Prologue
03.
An Architect'S Dream
04.
The Painter'S Link
05.
Sunset
06.
Aerial Tal
07.
Somewhere In Between
08.
Nocturn
09.
Aerial
Durée
: CD 1 :
37’
09 / CD 2 :
37’
09’
Date
de sortie :
07/11/2005
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Le
site officiel (UK) de Kate
Bush
Le
site officiel (FR) de Kate
Bush.
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Coral
Room
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