Interpol
- Antics
Labels
- 2004
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C’est
clair il était attendu, le second album des New Yorkais
d’Interpol. Attendu des fans de la première
heure, ceux qui ont cédé en 2002 au sacro-saint buzz
et à plusieurs prestations scéniques décoiffantes.
Attendu du noyau dur de fans conquis, donc, mais aussi
attendu au tournant du second album par des amateurs désabusés
d’avance et par une presse musicale avide de chutes
magnifiques.
Un
bref coup d’œil aux différents articles parus depuis
la sortie d’Antics démontre que ce second
album suscite les avis tranchés et les prises de
position enflammées. C’est en général l’apanage
des disques qui font montre d’une absence de consensus
mou…
Pour
tout dire, la sortie du premier opus nous avait laissé
froid… Quand le dossier presse d’un groupe tourne
autour de mots comme « rapprochement »,
« adeptes de », « références »,
« sonner comme » ; c’est généralement
pour camoufler une ressemblance frappante avec
d’illustres modèles. Et le mimétisme d’Interpol
premier du nom avec le mythique Joy Division était
à notre sens à ce point flagrant qu’il nous semblait
impossible à quiconque a suivi les courants musicaux de
la fin des 80 ‘s de reconnaître à Interpol
la moindre once d’originalité. Joy
Division, Echo and the Bunnymen…
Pourquoi
prendre la copie, quand il suffit d’acheter
l’original ? « Parce que Joy c’était
de la bombe, et que la copie a un pur look » (sic)
nous confie une amatrice dévouée . Hum !
Interpol
prend son public à revers. Et récolte moults
quolibets. C’est qu’on ne s’éloigne pas de St Ian
Curtis comme ça que diable ! Certes, les références
aux années sombres sont encore présentes. Mais Interpol
a décidé de changer de son. D’utiliser au mieux les
joujoux offerts par la production, pour triturer la
couleur musicale du groupe. La marée électrique et
noire du premier album fait place au clair obscur énergique,
au lavis de gris et au copinage avec le « presque
pop ». La guitare se fait plus altière et
revendicatrice, elle se dégage du maelström, et lutte
avec la voix qui se détache plus nettement. Le phrasé
convoque plutôt Morrissey que les Bunnymen. Typé,
instrumentalisé, moins en retrait. Un disque généreux,
assumé, sérieux, imprégné. Un disque qui casse les
murs de la maison où le groupe s’était laissé
enfermer, et pose les jalons des travaux futurs
d’agrandissement. Le groupe « sans single »
se fend même avec slow hand, du titre ultime. Un
titre infiniment Interpol tout en étant
infiniment médiatisable ? Qui en sort gagnant ?
Le rock pardi. Celui qui se fout de savoir de quelle
longueur est la cravate de ce Paul Banks de
chanteur ou de la traduction des titres en morse sur la
pochette du disque. Un rock qui fleure bon la guitare
qui s’échauffe et l’absence de calcul. A peine
celui de faire le grand nettoyage de printemps, quelques
mois avant la date de péremption.
Alors
oui, c’est vrai aussi, une fois passé l’étonnement
de ne pas y retrouver une copie conforme stylistique du
premier opus, passée la surprise plaisante de voir un
groupe s’affranchir des ses modèles et idoles, passés
quelques compositions de très bonne figure… il faut
bien admettre que l’album s’essouffle un peu, cédant
à quelques mollesses dans les compositions et à un
fifrelin de redondance interne au moins sur les trois
derniers titres de Antics… Ce serait faire
l’impasse sur la réussite définitive de la première
partie de l’album, faire peu de cas de la capacité du
groupe à déjà se réinventer,
et tirer à boulets rouges sur les jalons alléchants
qu’Interpol jette pour l’avenir.
Denis
Verloes
Tracklist :
01.
Next Exit
02. Evil
03. Narc
04. Take You On A Cruise
05. Slow Hands
06. Not Even Jail
07. Public Pervert
08. C'mere
09. Length Of Love
10. A Time To Be So Small
Date
de sortie : 28
septembre
2004
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