TTC
- Bâtards sensibles
V2/chronowaw
- 2004
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Comme dans tout bonne mythologie, philosophie et
musique, l’important est souvent le courant alternatif
entre la vie et la mort, entre la vie et la destruction,
entre l’amour et le punk. Un double mouvement entre
Eros et Thanatos qui trouve ici son illustration et qui
ferait frémir le professeur qui nous souffle la théorie
bien malgré lui, lorsqu’il s’agit d’évoquer le
nouvel album de TTC.
Cusinier, Tido
et Tekila nous reviennent avec un nouvel opus
largement plus grandiloquent et clinquant
que le précédent, mais aussi vastement plus maîtrisé
et épanoui. Ceci n’est pas un disque nous
faisait découvrir un groupe de rap français éloigné
autant que faire se peut des canons et clichés Skyrock.
Le nouvel épisode remet le couvert. La grandiloquence
est sur bâtards sensibles question de "staïeul"
et de production. Continuellement, on a l’impression
que les loops et triturations soniques du trio sortent
d’un studio aux traitements proches de la déraison.
Continuellement aussi, on se rend compte qu’en matière
de rap en français, peu sont les galettes -le dernier IAM
excepté- qui
arrivent à un tel niveau de qualité sonore en terme de
récupération de tracks dansants ou de création
musicale mâtinée d’électro énergétique et de
beats qui tapent fort. Un son qui dégouline parfois du
côté de la hype avec son lot de récupération des années
80s vitaminées. Mais passons là cette envie
d’arriver au bon endroit au bon moment avec le bon
produit. L’ensemble sonne.
C’est du côté des paroles et du flow que TTC tire
l’album en deux sens contraires. Amour et mort, trop
plein de vie et de punk. Le punk, c’est quand TTC rappelle
au chroniqueur que c’est bien ici que se cache la
nouvelle révolte made in France. Et pas chez Saez,
Luke, Dadoo et autres Sniper. On songe à Ludvig
von 88 ou aux Bérus à la mode rap, quand TTC
évoque ses victoires au rap jeu ou ses conquêtes
féminines façon bâtard macho sur j’ai pas
sommeil. Ironique aussi avec la condition féminine,
chaque 28 jours, pour du sang sur le
dancefloor. TTC pousse le bouchon de la suprématie
virile et de l’appel au sexe (le nouvel étendard de
la révolte contemporaine ?) dans ses derniers
retranchements, plein d’exagération. Plein de malice
et d’attitude un peu bourrin de picoleur chargé à la
bière. On attend les retours d’associations féministes
pour se persuader que ces gars là ont bien réussi leur
coup de provoc’. Pour l’Eros, au delà du
sempiternel leitmotive du sexe ! sexe ! sexe !
qui nourrit tout l’album, c’est dans la qualité
d’écriture des textes (même les pires idées passent
bien quand elles sont rédigées avec efficacité)
qu’il faut aller le chercher. Ce mouvement d’amour
charnel asséné à la massue, mais aussi ces émotions
et les sentiments à lire entre les lignes ou sur le
bien nommé bâtard sensible.
Alors oui… le nouveau TTC tire un peut trop sur
la corde du vin et de la baise pour établir le
consensus. Pour ça existent les side project des
lascars, comme le parfait l’Atelier. Oui, le
nouveau TTC fera sans doute les beaux jours des
soirées étudiantes et moins ceux des salons
dominicaux… Pourtant gageons que nombreux seront les
connards comme votre serviteur qui s’allieront pour
reprendre en chœur : « Ce sont deux sœur
jumelles lesbiennes qui dansent sur le bar en couple, à
moins que ce ne soient les bières, qui me fassent tout
voir en double… » C’est sûr on en sortira
pas plus malins… mais qu’est ce que ça fait du bien
de roter comme ça en bougeant nos corps sur la musique.
Denis
Verloes
Tracklist :
01 Ebisu rendez-vous
02 Dans le club
03 Le chant des hommes
04 Du sang sur le dancefloor
05 Catalogue
06 J'ai pas sommeil
07 Rap jeu
08 Latest dance craze
09 Girlfriend
10 Bâtard sensible
11 Codéine
12 Meet the new boss
Date
de sortie : novembre 2004
Durée :
47’
54’’
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