Franchement, on a bien failli
passer à côté de Blast. Paru sur la
microstructure parisienne Eklektik records, et
prochainement distribué à plus grande échelle, Blast
pratique l’électro mâtinée de jazz. Et moi
de vous imaginer soupirant comme votre serviteur
a lui même soupiré devant le résumé du groupe.
« Pfff. Encore un st Germain… » .
Impression apparemment confirmée par une première écoute
avérée distraite, d’où émergeait un apparent loop
de trompette et quelques voix samplées.
Et puis,
on a eu l’œil attiré par la fiche technique
de concert, prévue pour chaque apparition de Blast.
Clavier, trompette, basse, Rhodes, Contrebasse, Flûte…
Il y avait comme un décalage avec les devenues
habituelles prestations d’artistes électro en quête
de reconnaissance jazz. Pas juste une trompette
clinquante apportant sa caution musicale aux séquenceurs.
Un constat qui a amené à une réécoute plus attentive
du CD éponyme. Et à une bonne claque musicale !
Car Blast n’est
pas un nième groupe électro récupérant du matériel
sonore plutôt jazzy. Non. Blast serait plutôt
un prolongement, un avatar façon 21e siècle
du jazz fusion apparu quelque part entre les années 60
et 70. A l’instar de Weather Report, Miles
Davis ou Herbie Hancock (époque claviers et
guitare électrique) ; Blast explore, marie
les sonorités, use de la nouveauté technologique. Ici,
c’est la structure du jazz qui rencontre le loop voix,
les bidouillages d’ambiance au séquenceur, les
atmosphères électro. On part du jazz et on utilise
l’électro. Non pas l’inverse. La trompette et les
claviers (Rhodes etc.) se lovent et se déroulent en une
pattern traditionnelle du jazz. Riches, lestes et rythmées.
Ca pêche et ça groove à l’ancienne. En chemin ils
rencontrent la modernité du séquenceur et le recours à la voix triturée en un mélange à la fois
moderne et traditionnel. Ca éclate, ça pète et ça crée
une ambiance particulière, preuve que ce n’est pas
l’apanage que des nouvelles scènes
musicales de France et du monde. Avec Blast,
c’est le jazz qui se pique d’évoluer vers encore
plus de modernité, de découverte, dans la plus pure
tradition du genre.
A l’instar
de Him ou Mice parade plus tôt cette même
année, Blast démontre sa connaissance d’un
genre musical chargé d’histoire et riche d’un passé
fort d’innovations en tous genre qu’ils se chargent
de perpétuer. Là où les deux groupes pré-cités en détournaient
les canons en les dirigeant vers le rock ou la pop
atmosphérique, les français de Blast guide
l’histoire du jazz sur les chemins de l’électronique,
comme une nouvelle étape de son histoire, tellement évidente.
Et s’ils ne sont sans doute pas les seuls à initier
de telles progressions, force est cependant de constater
qu’ils y arrivent à tout le moins avec brio. Chapeau
bas !
Denis
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