Agoria
- Blossom
PIAS
- 2003
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Sébastien
Devaud
est né de mère cantatrice et de père architecte. Le
terreau familial le pousse à développer ses talents
artistiques. Ce que le Lyonnais ne manque pas de faire,
en suivant la voie désormais traditionnelle d’une
certaine bourgeoisie bohème : le jeune homme sera Dj !
Il mixe aux côtés de Jeff Mills, Kevin Saunderson,
Carl Cox et les autres…
En 2002, le jeune homme réussit à pousser les portes
de la notoriété créative, en publiant un maxi : La
onzième marche, qui clôt par ailleurs le
Blossom qui nous occupe aujourd’hui. Le son
« old school » du titre, avec son duo basse
batterie binaire combiné à un vague de synthé pleine
de « delay », n’est pas sans évoquer les
albums qui nous venaient de Detroit (CarlCraig…)
dans la deuxième moitié des années 90. Tandis que les
effets de mélodies dance et la légère filtration des
basses rappellent la filiation d’Agoria avec la
scène française. Carton plein pour le single qui est
diffusé par les Dj phares tels Dj Hell, Laurent
Garnier ou Andrew
Weatherall.
Carton plein aussi pour le Dj qui se met à approfondir
le filon de cette intelligent techno mariée au groove
dancefloor. Le jeune homme utilise le « buzz »
autour de son premier single, et développe son réseau
d’affinités. Les re-mixes s’enchaînent et Devaud
travaille en studio, porté par une vague d’amis zélés
qui s’arrachent les créations ou décident d’y
apposer leur patte. Une soirée Deviant Groove
met Devaud en relation avec Sylvie Marks de
Bpitch Control, qui finit par lui retourner un
titre où elle pose sa voix. Tricky entend une
composition d’Agoria lors d’une soirée
parisienne, embarque la bande son, s’isole aux
toilettes (enfin on dirait vu l’écho étrange sur ces
vocaux) et place voix et textes sur un titre teinté de
hip hop. Même Enthousiasme de la part de la famille de Kevin
Saunderson : après écoute de Worth it
c’est madame Sauderson, Ann, qui y appose sa
voix et renvoie le tout à Agoria, accompagnée
d’une invitation à participer au Detroit Electronic
festival de 2003.
Porté par un bouche à oreille qui enfle ; servi
par des compositions aux sonorités détonantes Blossom
réussit à rapprocher les mécaniques de
l’intelligent techno des papes de Detroit avec les spécialistes
du groove bouge-fesses à la française. Mélange de
bidouillages Aphex Twiniens et de néo-rétro façon
Carl Craig, Agoria
n’en demeure pas moins un bon album de dance façon…
Alex Gopher. L’album est une trouvaille dans un
paysage électro résolument tourné vers le passé.
Pourtant, à vouloir trop bien faire ; en cherchant
à enfoncer le clou de son originalité, Agoria
en fait parfois trop et finit par irriter. L’uniformité
constructrice des onze titres lasse sur la longueur. Les
apparitions des mécènes qui se sont penchés sur le
berceau de blossom, arguments vente, ne
fournissent pas les pépites attendues : on préfère
de loin les plages instrumentales aux vocalises des
invités de marque. Dommage. La luxuriance que suggère
le mot anglais blossom, n’est pas toujours au
rendez-vous. On en vient à regretter que l’auteur
n’ait pas pu transformer son concept en maturité musicale. Un peu plus de digestion des louanges reçus
aurait sans aucun doute permis à Agoria d’éviter
de verser dans trop de nombrilisme. Nombrilisme et
uniformité devenant les boulets aux pieds d’un blossom
mi-figue mi-raisin, qui ne demandait, à la
base, qu’à nous faire danser.
Denis
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