Sancho
- Cha-cha mancha
Catalogue/wagram - 2004
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Catalogue
est le label qui hébergeait, en son temps, des poulains
aussi prometteurs que Avia, Telepopmuzik
et Sporto Kantès. C’est donc avec une curiosité
mâtinée d’impatience qu’on se penche sur ce
premier album de Paul Hanford, sous le patronyme
de Sancho. Et l’auditeur n’est pas déçu par
le nouvel opus du label.
Détruisant l’image mentale que le chroniqueur se
faisait de la direction artistique de Catalogue, Sancho
est sans doute la meilleure réponse que le petit monde
de l’électronica pouvait apporter à la vague de
retour du son prétendument brut et à la déferlante
rock qui sévit actuellement dans toutes les
programmations musicales. Sancho expérimente
donc un mélange étonnant, quelque part entre folk-rock
à guitares lo-fi, easy-listening, ambient down tempo et
électro arty. Un feu de plusieurs bois dont Sancho
retire les tisons les plus efficacement calorifères,
pour créer un disque d’atmosphère cosy, charmant et
triste à la fois, comme une veillée au coin du feu
dans une cabane au fond des bois. Ou comme un bain déjà
tiède, fenêtre ouverte sur le jardin, un week-end de détente.
Fondamentalement folk d’esprit, on songe parfois à Jim
O’Rourke, aux musiques de films de Damon Albarn
ou à Looper, quand Paul Hanford ou
l’occasionnel Matt Shaw poussent la
chansonnette façon Tindersticks. Une
chansonnette vaguement traînante, légèrement mélancolique,
férocement addictive (à l’instar de la très
pop intro ball O’ string), d’où émergent
des cuivres, une rythmique de guitare cyclique, des
samples de conversation, des piaillement de moineaux étouffés
et une batterie jazz en retrait.
Contrebalançant cette veine « verbale »
et sentimentale, plusieurs morceaux –1 sur deux
environ - se placent dans la lignée d’une électronica
romantique et minimale, comme en dispensait le premier
album de Plaid ou quelques plages apaisées des
albums de Richard D James. Electronica qui, par
sa retenue et son économie de moyens, soutient
l’ambiance générale du CD sans jamais choquer ni
heurter la couleur musicale que l’auteur a voulu
donner à son album. Une harmonie osée étant donné la
nature des éléments qui la servent.
Disque sans autre prétention que celle de faire passer
¾ d’heures de pur délassement mélancolique, Cha
cha mancha fait montre, en cette matière, d’une
capacité à mélanger les ingrédients empruntés aux
standards de l’électronique, de la pop et de la folk
musique. Un patchwork aléatoire au résultat étonnement
cohérent et homogène. Une homogénéité dans la récupération
hétéroclite, comme on en avait plus entendu depuis Mutations
de Beck. Une réussite.
Denis
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