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Amon
Tobin - Chaos Theory
 1/2
ninja tune/Ubi soft/Pias
- 2005
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Il est un genre nouveau qui, au contraire de la BO de
film, n’a pas encore trouvé son maître : le
soundtrack de jeu vidéo. On s’attardera donc plus
longuement sur le Chaos Theory, bande son du dernier
opus de Tom Clancy. D’abord, parce qu’il
s’agit bel et bien ici de la musique « d’ambiance »
du jeu, en 10 plages d’atmosphères liées à la
progression dans l’intrigue et la narration ludique…
Exactement comme les créent les maîtres incontestés
et reconnus du soundtrack de long métrage, et non comme
une quelconque compilation FM racoleuse.
Dans le jeu, la
création d'un Département japonais de Renseignements
pour la Défense Nationale est très mal vécue par la
Chine et la Corée du Nord. Le Japon demande l'aide des États-Unis.
Un faisceau de preuves indiquent par ailleurs que
l'effondrement de l'économie japonaise aurait été
causé à un instant T par des attaques volontaires de
cyber-pirates. Les
États-Unis activent le programme mondial dédié à la
lutte contre la guerre électronique et la guerre de
l'information. Au même moment Echelon 3 a vent d'un
incident apparemment indépendant qui peut avoir des répercussions
mondiales… Une mission toute trouvée pour Sam
Fischer.
Qu’à cela ne tienne, la BO s’en fait l’exact
reflet. Si on reste un instant sur place, c’est
d’abord pour reprendre son souffle, pour mieux
s’imprégner d’un thème rebondissant dans le jeu
mais aussi de piste en piste, au fil de l’album. Pour
s’ébaubir aussi d’une sonorité identitaire, liée
au roulé de batterie, rythmique définitivement Splinter
cellienne. Mystère, infiltration, stress, cadence,
cabrioles, coupures de rythme, sourdes cavalcades et
intrusions musclées font le bonheur du joueur.
L’auteur de la musique compose une bande son à
l’image exacte de la partie, qui soutient donc le
plaisir du "gamer" autant qu’elle désert la
mission rythmique qui lui est attribuée par les
concepteurs du jeu.
Parce que bon, ce n’est pas n’importe qui non plus
qui est derrière les mannettes. Amon Tobin est
à ce titre le premier à faire converger
l’enregistrement d’un nouveau disque avec
l’art lucratif de la mise en musique d’un jeu
shooter. Bien lui en prend, son nouvel "album"
est réussi : coincé par les contraintes
visuelles, "ambianceuses" et narratives, Tobin
aurait pu se perdre dans la redondance ou la vacuité.
Il prend au contraire rapidement ses marques et se joue
de la contrainte avec finesse et efficacité, à
l’instar des paris à la con entre potes, qui
consistent à placer un mot ou une expression convenue
d’avance dans le fil d’un discours grand public. Il Tobinise
les contraintes… les caricature en se caricaturant. Là
où les ficelles rythmiques, les guidelines du jeu
obligent à des rythmes type : peur, course,
poursuite… Le Brésilien plaque les éléments désormais
éculés mais fédérateurs de sa méthode musicale :
break-beats presque jungle, grelot "surcadencé",
lointain écho, waaawouuuuin etc.
C’est
entre les lignes que Tobin trouve l’innovation.
Le style lui impose la structure figée du morceau :
il s’en sert et tisse un fil rouge musical au long des
10 pistes. Il faut fouiller une ambiance type : il
distille les effets recherchés, discrets, effacés. Des
micro-éléments qui peuvent servir son propos :
cascade électrique, chauve-souris numérique, harpe électronique,
grondement, percussion étouffée… Il arrive à
fournir un disque totalement neuf, dans sa biographie
musicale, tout en dotant Splinter Cell de
l’ambiance qui convient au jeu.
Et contrairement à certaines BO de film, -sur
lesquelles on flashe à la vision d’un long métrage,
mais qui dégoûtent rapidement un fois détachées de
leur support initial et passées sur la platine CD-, le chaos
theory de Tobin parvient presque à faire
oublier à l’auditeur le jeu qu’il anime
habituellement. La musique devient un nouvel album d’Amon
Tobin, un projet « à thèmes » en
quelque sorte.
Denis
Verloes
Tracklist :
The
lighthouse
Ruthless
Theme
from Battery
Kakubo
Sosho stealth
El
Cargo
Displaced
Ruthless
(reprise)
Kokubo
Sosho battle
Hokkaïdo
The
clean up
Durée
:48’
22’’
Date
de sortie : 31
janvier 2005
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