Clear
horizon - s/t
Kranky/chronowax
- 2004
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Dans la grande tradition krankiesque (adj.-
mot dérivé qui tient son origine du label américain Kranky,
employé pour définir notamment la musique de
groupes aux musiques vaporeuses et contemplatives), Clear
Horizon déboule avec une musique folk et planante
dans laquelle il fait bon se balader mais qui pourrait
bien réserver quelques bonnes surprises aux plus
aventureux des auditeurs.
Clear Horizon est le projet conjoint de Jessica
Bailiff (auteur de trois albums dont un récent
sorti en 2002 et intitulé Jessica Bailiff) et de
l’anglais David Pearce (ex-membre des Flying
saucer attack) qui voit donc un premier
aboutissement avec ce premier album éponyme.
Résultat de deux années de travail, Clear Horizon se
situe dans un style proche de celui
de Jessica Bailiff en solo (le côté
mystique en moins) avec des morceaux assez longs (en
moyenne 7 minutes) aux ambiances éthérées dans
lesquelles dominent les guitares acoustiques auxquelles
viennent se joindre un piano, quelques bruits blancs
ainsi que les voix de Bailiff et Pearce.
L’ensemble donne un résultat vraiment intéressant
duquel on retiendra de superbes folk-songs enveloppées
dans des atmosphères brumeuses du meilleur effet.
Avec des titres aussi évocateurs que Watching
the Sea, Death's Dance, Millenium Blues… il parait
assez difficile de se tromper sur les orientations
musicales du duo qui perpétue la tradition en proposant
des titres superbes mais emprunts d’une noirceur à
toute épreuve qui réjouira, j’en suis sûr, les
amateurs des productions kranky.
Musique du froid, du grand froid, Clear
Horizon réussit malgré tout à éviter la redite
de ses illustres prédécesseurs (Cocteu twins, Dead
can Dance et autres) mais frise tout de même la
parodie à certains moments (Open Road). Mais ne
nous attardons pas sur ces détails et penchons nous
plus précisément sur ces quelques perles de musique
introspective pour admirer le talent du duo (qui a
essentiellement travaillé par correspondance entre les
États-Unis et l’Angleterre) à offrir des balades
lumineuses et captivantes (For days), souvent
enrichies par des arrangements exigeants et parfois
proches de l’expérimental (Death's Dance, Sunrise
drift).
Aussi indispensable que la discographie
de Jessica Bailiff et que de nombreux albums signés
sur Kranky, ce Clear Horizon est une
nouvelle et belle réussite dans un genre qui nous a
apporté tant de bonheur par le passé. Et ne désespérons
pas de revoir un jour cette association ressortir un
second opus puisque le duo s’est réuni pour de bon,
cette fois-ci, en Angleterre, pour écrire et
enregistrer une suite à ce premier essai joliment
transformé.
Benoît
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