Monsieur Lune
- Déguisé en moi1/2
Demain
la veille/Codaex - 2004
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Frais émoulu, rejeton de la désormais convenue
« nouvelle scène française », Monsieur
Lune aka Nicolas Pantalacci débarque en
catimini sur la structure parisienne Demain la
veille, pour défendre son Déguisé en moi.
Un album qui oscille sur un fil de funambule entre
chanson à textes, musette, tradition française de
paroliers-poètes et poncifs stylistiques d’une scène
francophone des années 80 ; qu’on osait plus
rappeler jusque là pour cause de déni de la musique
populaire française hors sixties.
Étonnement, là où ses contemporains citent Gainsbourg,
Brassens, Christophe ou Polnareff ; Monsieur Lune
quant à lui, affirme haut et fort ses préférences
pour Higelin, les Têtes Raides, Renaud et Thomas
Fersen. On y ajoutera pour parfaire la liste des
rapprochements possibles, quelque chose de l’univers
musical du premier opus de Mano Solo : entre
morosité rageuse et tradition (sonnez violons et accordéons,
entrez dans l’esprit rock…). Auxquels Nicolas
Pantalacci ajoute une once de « titi parigot
attitude », mélange de vanité et de confiance en
soi qui, loin d’agacer, affirme les chansons et le
style de l’album. Un mode opératoire qui hésite
entre chant et prosodie de la parole comme jadis Renaud
était à peu près seul à le faire, avant qu’il ne
se mette à virer variétoche avec la rouquine
d’Hasselt. Une méthode de chant détonante qui se
sert adéquatement de la voix à la Arno, de
Monsieur Lune : organe fumeux et chargé
d’excès, adéquat dans la ligne directrice de
l’album. Voix et prose donnent néanmoins un aspect
rugueux à l’ensemble, un abord piquant et amer, qui
risque bien de perdre en chemin quelques auditeurs irrités
par cette étonnante caractéristique.
Et ce serait d’autant plus dommage que passées les
voiles des cordes vocales embrumées, c’est bien dans
les textes que Monsieur Lune excelle. Ses
historiettes parlent un peu de lui, des détours, des
femmes, de l’amour, des embarras du quotidien, de la
vie et de
la petite ligne rouge qui nous maintient tous, d’un côté
ou l’autre de la folie. Il en sourit avec un fifrelin
d’ironie, parle de son nombril et du monde, puis
s’en moque comme un Pierre Perret qui se
mettrait à éructer du Tom Waits. A ce titre qui
pourrait résister à l’énumération des malheurs de
ce Rémi Papillon qui a des faux airs de voisin
de palier ou aux conseils pour ne pas succomber aux
femmes de ballade en si bémol ?
Cordes vocales et cordes sensibles, corde raide et corde
au cou. Des lendemains nourris des frayeurs délicieuses
et des bonheurs fugaces d’hier, mais qui savent ne
jamais succomber à la nostalgie. Des lendemains en équilibre,
instables comme il se doit (…) nous
dit la bio de l’artiste pour évoquer l’univers thématique
de l’artiste. Pas mieux est tenté de conclure le
chroniqueur qui a fait fi de l’abord étrange, de la
voix et du style, pour ne se concentrer que sur
l’univers (décuplable à l’envi, comme constaté récemment
sur scène à Paris), avec la plus grande sympathie.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Moi
02.
Le port de Gênes
03.
Madame monsieur
04.
Y’a plus de papa
05.
Le nouveau nez
06.
Margot
07.
Lunette
08.
Dans l’restaurant d’Anvers
09.
Comme vous et moi
10.
Rémi Papillon
11.
Ballade en si bémol
Sortie :
septembre 2004
Durée :
38’ 38’
Plus+
compte-rendu
de concert
www.monsieurlune.com
www.demainlaveille.com
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