Yellow6
- Disappear here
Make
mine music - 2003
Découvert, pour ma part, avec l’album Music
for pleasure en 2001, Yellow6, projet solo du
britannique Jon Attwood, dans la lignée de Labradford,
se dévoile, au fil des albums, comme étant un groupe
capable d’émouvoir au plus haut point avec une
musique, au demeurant simple, mais profondément riche,
qui s’éclaircit encore un peu plus avec disappear here, nouvel
album remarquablement construit et en tout point
passionnant. Sans doute le meilleur.
Mêlant guitares, piano, beats électroniques et sons
digitaux divers, la musique de Yellow6 sur disappear here marque une nouvelle étape
dans la carrière de Jon Attwood. Cette
fois-ci en effet il a décidé d’épurer un peu plus
ses compositions en allant directement à l’essentiel,
en privilégiant une ossature minimale pour la plupart
des morceaux. Musicien prolifique sortant régulièrement
sur disque et sur des labels différents le fruit de son
travail, Jon Attwood s’est attelé à composer
un album instrumental ambiant moins porté sur les
nappes de guitares reverb (à la Cocteau Twins)
et les sons expérimentaux abstraits mais plus sur les
arpèges de guitare et de piano qui marquent de leur
emprunte la plupart des compositions de cet album.
Déroulant onze titres très sobres mais très profonds,
Yellow6 navigue en eaux calmes avec des tempos légers
sur lesquels viennent s’appuyer des notes de pianos
tristes (on pensera à Erik Satie, Sylvain Chauveau,
Dakota suite), des guitares pas plus gaies et
quelques sons électroniques formant un ensemble cohérent,
bien arrangé et nourrissant l’imaginaire d’images
mentales presque inquiétantes.
Pour parler plus précisément des titres qui composent
l’album, on remarquera que Disappear here
s’ouvre et se ferme sur deux variations différentes
du thème piano song, ritournelle d’enterrement
superbe et dépouillée qui met très vite l’eau (ou
le vin de messe) à la bouche. Entre les eux, neuf
morceaux, aussi beaux les uns que les autres, dont on ne
peut que saluer l’aisance avec laquelle ils nous
prennent très vite aux tripes.
Foncièrement porté sur les mélodies funèbres, Chrysler
et autre Cycle, donnent le "la" à un album
puissant dans lequel chaque titre apporte sa part
d’intérêt et d’équilibre. Quant au reste, il
donne une impression de grande maîtrise dans le mélange
des sonorités provenant d’instruments traditionnels
et numériques. Dans ce sens, on citera le très beau Threefold
ou encore Interstate.
Album de la continuité, Disappear here
prouve une fois encore que Yellow6 est décidément
un groupe majeur sur la scène post-rock, capable de
proposer une musique envoûtante grâce à des harmonies
sublimes et des orchestrations fines. Avec ses nouvelles
compositions de belle envergure, Jon Attwood joue
en littéralement en apesanteur et donne à sa musique
une ampleur unidimensionnelle qui la rend assez
abordable, et totalement fascinante. Sans conteste un
des grands albums de l’année 2003.
Benoît
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