musique

Dour festival 2005 

du 14 au 17 juillet

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    2005 : année de tous les records pour le festival de Dour, aussi bien au niveau de la température qu’à celui de la fréquentation (30 000 personnes en moyenne par jour). En effet, c’est la première fois que le festival était sold out, les organisateurs ayant même été surpris par l’arrivée massive des premiers festivaliers dès le mercredi soir Pourtant comme chaque année, le festival alternatif wallon ne présentait pas de grosse tête d’affiche sur l’ensemble de ses 6 scènes, mais son habituel joyeux mélange des genres. Petit résumé subjectif ( sur 300 groupes présentés, il faut forcément faire des choix)

 

   Jeudi 14/07: c’est TTC qui se charge d’enflammer la foule déjà nombreuse et très réceptive à leur hip-hop décalé et loufoque, la scène finissant par être envahie ( à la demande des trois MC’s) par les jeunes filles surexcitées des 1ers rangs. M83 donne un concert beaucoup plus classique mais efficace ; les membres du groupe semblent d’ailleurs impressionnés par l’accueil hyper chaleureux que réserve l’auditoire à leur electro-noisy inspirée par le prog rock des 70’s. C’est dans une atmosphère étouffante ( les tentes, c’est terrible pour ça) que les Hollywood Porn Stars livrent un set très pêchu, les meilleurs morceaux rappelant tantôt Blonde Redhead tantôt Trail of Dead , les pires (il n’y en a pas beaucoup heureusement) lorgnant ver le hard-rock tendance Halloween.

 

    Vendredi 15/07: On se réveille avec la pop mélodique aux harmonies subtiles d’un autre groupe belge Mint avant de retomber en léthargie devant Sébastien Schuller dont la pop languide et bucolique distille un gentil ennui sous une chaleur harassante, il faut dire que ce garçon n’est pas d’un charisme renversant. Contraste forcément saisissant avec la prestation d’Expérience qui prend de suite son (malheureusement peu nombreux) public à la gorge avec ses textes d’inspiration situ sur fond de rock déstructuré. Plus loin, Tahiti 80 livre son show habituel, pop, cool mais sans surprise. Dour a peut être choisi de ne pas présenter de très grands noms mais a réussi à mettre le grappin sur le gros buzz du moment, à savoir The Subways, un trio d’anglais d’à peine 20 ans, qui semblent avoir découvert le rock la veille et qui jouent avec une fougue, une innocence et une énergie hors du commun. Un set d’1/2 heure emmené à un train d’enfer par une voix aux accents très ‘Noel Gallagherien’. On retrouve ensuite Austin Lace (découvert ici même l’année dernière) qui finiront leur joyeuse prestation en invitant les filles des 1er rangs (décidément un leitmotiv dans cette édition 2005) à venir se dandiner sur scène au son de leur imparable « Say goodbye ». On ne tient pas plus de deux minutes devant le bêlant et geignard Devendra Banhart , avant de fuir pareillement les Stereo Total déversant une bouillie electro-yéyé qu’il fallait sûrement prendre au 18ème degré. En revanche, les Vive la fête, eux leur nom est à prendre au 1er degré. Evidemment on peut vite se lasser de l’écoute de leurs disques, évidemment à chaque fois qu’ils entament l’intro d’un nouveau morceau on a l’impression qu’ils vont jouer une reprise de Visage, mais sur scène, ils sont tout simplement irrésistibles. Impossible de ne pas bouger dans cette ambiance électrique ; ils ont déchaîné une foule très dense et archi-excitée par leur prestation volcanique.

 

    Samedi 16/07: On jette un œil sur la scène où Ben Christophers joue seul son folk teinté de touches mélancoliques électro : pas désagréable mais pas renversant non plus. On s’éloigne donc vers The Fever, nième groupe New Yorkais à faire du ‘punk-funk’. Rien d’original donc, mais leur show survitaminé et leur sincère joie de jouer parviennent à surmonter  toute réticence. Pour l’originalité, on se tourne plutôt vers Why ? Ce groupe, difficile à classer, délivre un concert de toute beauté. Il faut imaginer quatre barbus quasiment collés les uns sur les autres, échangeant sans cesse leurs instruments et jouant cette sorte de hip-hop déconstruit mêlant des ambiances féeriques à une réelle énergie rock, servie par un batteur survolté ( qui réalisera même l’exploit de jouer en même temps de la basse et des percus ). Un peu plus loin, le véritable écorché vif Daniel Darc semble assez imbibé mais fournit un spectacle sensible où l’émotion affleure toujours. La prestation de Hood commence, elle, bizarrement avec l’impression que la formation a perdu tout ce qui faisait sa saveur. Mais très vite, les accords fragiles de guitares, les boucles hypnotiques, et la batterie délicate nous rassurent et le groupe offre un set envoûtant . Pour conclure la soirée, les parrains de la nouvelle scène pop belge Flexa Lyndo électrisent leurs fans très nombreux et très agités, tellement agités que j’ai eu un peu de mal à suivre la fin du concert.

 

    Dimanche 17/07 : La fatigue commence à se faire sentir, en cette journée qui verra finalement les plus belles prestations de ce week-end wallon. Absynthe Minded a un côté Nits pas désagréable mais cela est gâché par des envolées jazzy de plus en plus nombreuses au fil du concert. On n’est pas beaucoup plus enthousiasmé par Styrofoam, sous-clones délavés de Notwist et SchneiderTM, mais ça a le mérite de nous faire patienter jusqu’aux excellents Wedding Present qui délivrent une set tendu, sonique et parfait emmené par la voix toujours aussi habitée de David Gedge. A peine le temps de se remettre de cette décharge bruitiste et on se retrouve parmi le public du Klub des Loosers, aux textes si décapants repris par une foule enthousiaste. Le plus impressionnant est le moment des freestyles où Fuzati, le MC dépressif, à partir de n’importe quel mot proposé par les 1ers rangs, se lance dans des improvisations très réussies et surtout très drôles ! Contraste important avec le concert de Maximilien Hecker qui fait pleurer les filles avec sa pop lyrique et romantique ; c’est élégant et maîtrisé, peut être un peu trop d’ailleurs. La prestation de 13&God, collectif constitué de membres de Notwist et de Themselves (du label Anticon), était l’un des événements annoncés de ce Dimanche et ils ne déçoivent pas : l’osmose entre les deux entités en présence se fait naturellement et enflamme l’assistance . Les rangs sont beaucoup plus clairsemés pour applaudir The Go Find et leur pop-dance aux accents de New Order, et c’est dommage car leur sincérité sur scène méritait mieux. Pour finir en beauté, on se dirige vers la tente de Bright Eyes  où une foule déjà très dense attend les neuf musiciens qui accompagnent le prolifique Conor Oberst. Avec une tracklist tirée essentiellement de l’excellent « Digital ash in a digital urn », le groupe livre un show bouillant, fiévreux, et plein de ferveur. Ils concluent le festival de façon idéale dans le vacarme et le chaos impressionnant accompagnant leur dernier morceau « Easy/Lucky/Free ».

 

    Au final, on garde l’impression d’une édition très réussie. Les organisateurs sont donc parvenus à attirer une foule conséquente (128 000 personnes en tout), tout en conservant les caractéristiques de ce festival. En effet, Dour est avant tout une histoire d’ambiance, de tolérance, de découverte et de fête plus qu’arrosée. Et tous ces ingrédients étaient encore réunies cette année. Ceci est sans aucun doute dû à la politique de prix très modérée, alliée à une programmation attrayante et pointue. On est très loin de la grande kermesse de Werchter. Ici, les gens sont des fans de musique authentiques et ouverts. Et le mix des genres fait régner sur la plaine de la Machine à Feu une atmosphère bon enfant et festive.

 

Guillaume Duranel