On
tourne et retourne le boîtier cristal de cet album de DIY-Note. Il n’y a ni label, ni distributeur crédité sur les
notes de la pochette presque euh comment dire « new
age », pour ne pas dire euh comment dire « moche »? Incroyable !
Mais
s’il est facile de critiquer la pochette de cet
autoproduit, il est par contre obligatoire de respecter
la qualité avec laquelle les transfuges du groupe nancéen
Blue Haired Girl
nous arrivent ici avec cet OMNI (objet musical non
identifiable). Produit à la maison et pressé hors des
trajectoires habituelles des distributions via les gros
labels, ruptures
n’a rien à envier au niveau de la production, aux
sorties moins confidentielles. Comme Octobre,
en 2005, on est surpris d’entendre la maîtrise
technique des arrangeurs, mixeurs, masteriseurs et
consorts quand il s’agit de servir un album où les
plus petits détails sonores ont leur importance.
Et
quel album ! Difficilement cataloguable, comme tout
bon OMNI ; Ruptures
combine différentes obédiences, sans que jamais
l’une ou l’autre ne cannibalise aucun des 11 titres
qui composent l’album. On s’amuse d’ailleurs de ce
que notre lecteur multimédia range l’album au rayon
new age, preuve supplémentaire de son inclassabilité
intrinsèque.
Electronique,
à l’instar du man
in the shadow de Snooze,
on a envie de croire que ce Ruptures
est la bande son volontaire d’un film qui resterait à
filmer.
DIY-Note
multiplie les atmosphères, les ambiances, un brin
grises, un peu sombres, sans aucune redite. Quelques
titres évoquent même les anciens opus de Orbital
ou Mouse on mars
(cf. trilogy).
On a envie d’y repérer la patte d’un certain rock
français déconstruit aussi, dans la lignée d’un Programme
ou d’un Diabologum qui aurait ici limité les paroles à leur plus simple
expression (cf. le
noir et la rage). Et, puisqu’on en est à parler
de guitares amplifiées, on est forcés, en suivant ces
coups de cordes qui débutent par une psalmodie et se
finissent en rage irrépressible, d’évoquer une
influence façon post rock Mogwaien à
l’ensemble, pour ces morceaux qui s’enroulent, se déroulent
en une spirale progressive. Ou le rock progressif de Pink
Floyd tiens, dans les moments d’accalmie électrique
de l’album. On cite le jazz aussi pour le recours
continu aux samples et instruments bruts :
saxophone, guitare acoustique, piano, batterie,
contrebasse… en patterns qui se répètent au sein
d’un même titre et sur lesquels des solistes -ici
parfois remplacés par des blips ou autres trucages-
viennent greffer leur prose.
On
relit ce qu’on vient d’écrire et on est pas sûr
d’avoir rendu justice à l’album et donné une idée
exacte de son contenu aux lecteurs de cette chronique.
On
terminera, en renonçant définitivement à repérer une
quelconque filiation à DIY-Note,
ou à défaut en évoquant la capacité du groupe à être
la synthèse des différents courants qui traversent ce
début de nouveau siècle, instantané somme de toutes
les musiques qu’il est possible de rencontrer aux prémices
de ce nouveau millénaire. Ce genre de démarche
intellectuelle est souvent appliqué à des albums super
bien foutus, mais fondamentalement chiants. Tout le
contraire pour DIY-Note qu’on ne parvient plus à décoller de notre platine.
En
plus, acheter l’album maintenant, c’est aussi
s’assurer la frime d’avoir été plus vite
qu’aucune maison de disque. Et ça en soi c’est déjà
une nouvelle réjouissante.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Un
02.
Le noir et la rage
03.
La bicyclette
04.
Chowbiz
05.
trilogy
06.
No way
07.
El despertar
08.
Palika Bazaar
09.
Conte écourté
10.
Endless night
11.
Raining outside
Durée
: 54’
07’’
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