Havergal
- elettricita
secretly
canadian/chronowax - 2004
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Sous ce patronyme cryptique se cache le dénommé Ryan
Murphy, personnage un peu décalé et qu’on
imagine sacrément à l’écart de la scène US, y
compris underground.
Ce texan d’origine fut l’auteur il y a 3 ans d’un
premier album diffusé de manière confidentielle, Lungs
for the Race. Fraîchement installé à San
Francisco, il décide alors tout bonnement de laisser
tomber la musique pour se consacrer à « une vie
normale, rien de très excitant » (dixit lui-même) :
soit son boulot originel d’architecte, prénommer sa
fille Elettricita (encore une qui remerciera ses parents
quand elle entrera au collège…), ne pas envisager de
donner de concerts pour promouvoir son album… Si on le
questionne sur ces récents coups de cœur musicaux, il
citera Dirty Projectors, Charlemagne Palestine,
Cass McCombs… et Yma Sumac… Ce qui le
rend heureux ? Ses amis, sa famille… et
l’alcool (en général…). Ryan Murphy, un
gars qu’il a l’air sympa donc.
Sa musique est à l’avenant, en ce sens qu’elle se mérite,
elle ne s’offre pas aussi facilement que ses atours
vaguement pop et classiques pourraient le laisser
penser. La forme n’est que rarement, voire jamais,
convenue, Murphy privilégiant volontiers la répétition,
les notes isolées : Elettricita (outre le
prénom de sa propre petite fille donc) est né de son
retour aux sources, de son voyage entre la Californie et
le Texas. Il ressemble logiquement à une sorte de périple
émotionnel et mental, une plongée dans les arcanes de
ses sentiments alors que sa vie prend un (nouveau)
tournant.
Musicalement, les pistes abondent, les territoires
parcourus se multiplient et pourtant (c’est ce qui le
rend intéressant), on serait bien en peine de rattacher
ce disque à un quelconque mouvement. Pop ? Pas
vraiment donc, pour les raisons évoquées auparavant.
Country ? Non, même s’il évoque régulièrement
des paysages (au sens propre), il n’en adopte
quasiment jamais les attributs. Folk ? Non plus,
trop d’électronique, d’éléments abstraits
viennent s’interposer. Electro alors ?
Naaaan, trop acoustique, trop organique tout ça…
On pourra toujours penser à Pavement pour
ces bribes de mélodies distendues, ce phrasé de
slacker à la masse (pléonasme), cette production
incertaine, ou encore à Satie, Steve Reich
pour ces apports abstraits. On songe souvent à Modest
Mouse pour cette manière de jouer une musique un
peu fuyante, à la fois cérébrale et viscérale.
Finalement tout ça importe peu : Elettricita
est un disque mouvant, dont l’auteur, seul et unique
maître à bord, suit son propre chemin, patiemment déterminé.
Puisse-t-il continuer à évoluer et à progresser tout
en préservant sa farouche indépendance.
Laurent
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