Oui
Kasabian
n’invente strictement rien.
Et
mieux, pour tout qui a connu les glorieuses heures des Stone
Roses, de Primal Scream, de The Verve
et d’Oasis,
le combo a comme un parfum de déjà entendu, qu’on
abordait jusque là avec une certaine morgue :
« Ecoute coco, moi des groupes qui remontent aux Beatles
et aux Stones en durcissant le son, si tu veux je les ai tous suivis à
l’assaut des scènes de 1989 à 1994, alors ton Kasabian là… » Et c’était presque vrai, vu que le groupe
avait un petit côté redondant. Il sonnait encore trop
vert pour remporter l’adhésion franche et massive.
Le
groupe a laissé mûrir son son, la production évolue,
et dans la forêt de groupes proto-punks ou new wave qui
nous assaillent les oreilles, Kasabian
en arrive finalement à être le seul rejeton d’une scène
90’s moribonde dont le groupe reprend le flambeau ici
avec efficacité. Mais que les fans se rassurent, en
faisant mûrir leur son, ils ne perdent pas ce qui
faisait aussi leur début de force. Sergio
Pizzorno est toujours apôtre d’un gros son de
guitare, bien gras, bien lo-fi, mis au service de titres
pop rock qui parviennent toujours à faire mouche. La
voix de Tom
Meighan est toujours celle d’un lad revendicateur,
grande gueule, burinée les soirs de match dans un pub
forcément enfumé.
Mais
c’est en sous-sol, en second rideau que se joue la
discrète révolution qui rend l’album attachant.
Derrière une guitare qui nous semble pourtant carrément
mieux produite, et une rythmique mi organique mi électronique
qui assoit sa place dans le mix. Un mix qui d’ailleurs
fait la part belle au côté « liquide » et
groovant de l’album dans lequel le groupe se laisse
emporter. On tape du pied en continu et on a envie que
rouvre La Hacienda, pour aller s’y trémousser
les poings à hauteur du menton.
Derrière.
Derrière les compos tenant régulièrement la
comparaison avec ses illustres parents, - les riffs de Squire en moins, le groove de Mani
en suspens- ; Kasabian
use d’arrangements électroniques beaucoup plus torchés
et mis en avant (qui ne furent malheureusement pas
perceptibles leur de leur prestation au Rock en Seine
2006) : bleeps, echos, violons, clavier, gimmicks
saturés, bpm en surrégime. Ils viennent remplir les
vides sonores laissés par l’écriture du morceau. Au
sentiment de flux qui se dégageait déjà, Kasabian ajoute donc ces effets de vagues rapides, ces nappes électroniques
qui chargent le son, le rendent plus massif, apportent
une tension constante, un halètement fréquent et un
enjouement perpétuel.
On
se dit finalement qu’importe si l’empreinte de Kasabian
se résume à peau de chagrin dans l’histoire de la
musique éternelle. On s’en fout, tant qu’on peut
faire sautiller sa tête, danser sur place sa pinte de
"lager" à la main, et faire comme si ces dix
dernières années n’avaient jamais existé, comme si Chemical
Brothers n’avait jamais fait du rock électronique
et comme si les Roses
ne s’étaient jamais séparés. Empire
n’est pas un album génial. Mais c’est un putain
d’album efficace. Il n’en faut pas plus pour que
s’enchante le vieux baggy-liker qui sommeille en votre
serviteur.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Empire
02.
Shoot The Runner
03.
Last Trip
(In Flight)
04.
Me Plus One
05.
Sun Rise Light Flies
06.
Apnoea
07.
By My Side
08.
Stuntman
09.
Seek And Destroy
10.
British Legion
11.
The Doberman
Durée :
39’ 20’’
Date
de sortie : 4/09/2006
Plus+
Le
site officiel
La
vidéo d’Empire
sur Youtube
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