Balago
- Erm
Foehn
records - 2001
Il est des disques comme ça, que l’on
découvre un peu par hasard, au fil d’une discussion,
au hasard d’une lecture sur un site ami, et qui
viennent vous bouleverser comme ça, sans crier gare,
sans que quiconque vous ait prévenu des effets
incroyables que peut provoquer la musique sur votre
affect personnel.
Sorti pas vraiment récemment, pas distribué en France, ce
premier album de Balago disponible via le site Foehn
records n’en
fint donc pas de m’émouvoir au fil des écoutes tant
la puissance paisible qu’il dégage semble parfois
venue d’ailleurs. Esprit es-tu là ?
Composé d’un duo en provenance de Barcelone, Balago joue une musique post-rock,
post-apocalyptique, serais-je tenter de dire tant
l’impression de désert et de néant respire à
travers les notes rares et superbes des dix morceaux que
composent Erm.
Bâti comme un recueil, l’album propose, pour chaque
morceau, de raconter une histoire, quelque chose comme
de la science-fiction ou de l’anticipation, quelque
chose qui a un rapport à l’humanité. A la fois
sombre et envoûtant, chaque titre offre une palette de
couleurs et d’images très différentes les unes des
autres sans toutefois sortir de l’univers
dans lequel elles se trouvent.
Sur une guitare reverb omniprésente et
donnant le la, viennent s’appuyer divers samples et
sonorités électroniques qui créent une sorte atmosphère
lourde et grondante de laquelle, on se demande à chaque
instant, ce qu’il va en ressortir. Et à chaque fois
la tension si bien fabriquée, si bien montée, retombe
inévitablement, paisiblement.
A l’écoute de Erm, on pense évidemment
à Labradford (notamment sur Frieda, Klara)
du fait de la grande similarité dans le son et dans les
accords joués à la guitare, mais heureusement Balago
va plus loin en utilisant les samples comme des
instruments à part entière et ainsi rend la musique
plus expressive et plus complexe. Aventureux, le groupe
n’hésite pas également à crayonner ses belles
partitions en agrémentant ses doux arpèges de sons
grinçants et dissonants pour notre plus grand bonheur.
Donnant l’impression d’avoir été
composé et joué dans une centrale électrique, Erm n’en
finit pas de mener l’auditeur sur des sentiers éclairés
par une lumière obscure, vers des terres inexplorées,
à la rencontre de mondes étranges dans lesquels on
prendrait vite goût à s’y perdre. En somme Balago
vous offre un voyage vers l’inconnu pour pas cher.
A vous de voir... mais surtout d’entendre.
Benoît
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