Colleen -
Everyone alive wants answers
1/2
Leaf/Chronowax
- 2003
Un joli nom comme celui de Colleen ne s’oublie pas si
vite, surtout quand il est associé à une musique aussi
belle que celle jouée par Cécile Shott,
professeur d’anglais de son état qui passe son temps
à composer de petites perles musicales aussi minimaliste
qu’essentielles plutôt qu’à donner des cours du
soir à des adolescents laborieux .
C’est sur la désormais
essentielle compilation Active Suspension vs Clapping
Music (dont on n’a pas fini d’entendre encore
les superbes échos) qu’est réapparue récemment Colleen
avec le très touchant morceau Goodbye sunshine
. Mais c’est en 2002 qu’elle s’est fait
remarquer pour la première fois avec un 7” Babies.
Signée sur le prestigieux label anglais Leaf, qui
a sorti, entre autres, le premier album de Murcof ou
encore celui plus récent de Clue to kalo, Collen
s’avance donc tout doucement avec un disque aux
contours arrondis et poétiques dans lequel elle développe
des ambiances musicales étonnantes grâce à des
boucles minimalistes et des fragments d’instruments
organiques glanés ici ou là.
Comme une sorte de Bjork anorexique
et sans aucune grandiloquence, Colleen dévoile
ses talents de musicienne avec un forme de timidité attendrissante
et une délicatesse
infinie.
Parler de chaque titre, un par un, ne serait que
justice vu l’impact que peut avoir la plupart d’entre
eux sur l’auditeur potentiel. Comme dans un livre de
conte, chaque morceau peut être une page que l’on
tourne, un chapitre d’une histoire que l’on raconte
ou que l’on écoute attentivement.
Alors commençons par le commencement et plongeons
nous dans l’univers naïf et merveilleux de Colleen.
Il était une fois... Everyone alive wants answers un
titre en guise d’ouverture soutenu par quelques notes
de cordes pincées accompagnées par des bruits
d’oiseaux. Ensuite arrive Ritournelle, qui
porte si bien son nom, avec sa boucle entêtante sur
laquelle viennent se poser quelques craquements, un peu
comme sur un vieux disques rayé. Plus loin Carry-cot
et ses voix enfantines sans doute tirées d’un
vieux film anglais en noir et blanc, Your heart on
your sleeve musique improbable de fête foraine fantôme,
Goodbye sunshine et ses sons plaintifs et
larmoyants, puis le triste One nights and it's gone viennent
nourrir un peu plus notre imaginaire en lui offrant de
petites mélodies troublantes et pleines de charme.
Pas si éloigné que ça d’Ennio
Morricone, notamment dans ses compositions les plus dépouillées, celles écrites,
entre autres, pour les musiques de films de Sergio
Leone, la musique de Colleen sur Nice and
simple et Babie se fait plus tendue, mais
c’est pour mieux couler ensuite paisiblement, limpide
comme l’eau d’un ruisseau.
Dans son petit monde sonore, à
la fois simple et fragile, Colleen entretient une
forme mystère et d’innocence baignée dans la ouate la
plus soyeuse dans laquelle on se love avec délectation.
Disque forcément superbe, Everyone alive wants
answers est l’œuvre d’une fille doté d’une
grande sensibilité et d’un talent de compositeur remarquable.
Si Tout
être vivant veut des réponses, peut-être que ce
disque ne lui en apportera pas forcément, mais en tout cas il
saura lui faire ressentir la musique d’une manière
singulière et follement passionnante.
Benoît
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