Oboken
- [except you]
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Le
village vert/wagram - 2003
Bien loin des contrées américaines
paumées et des musiques slowcore bien appréciées ici,
Oboken, groupe géographiquement situé entre l'Alsace
et la Lorraine, fait pourtant office de guide du routard tant sa
musique semble porter l’auditeur vers les grands espaces
chers aux collègues d'outre-atlantique que sont Bill Callahan, Josh
Haden de Spain, Low ou encore Will
Oldham.
Faisant suite à un très beau Piece
of mind sorti en 2001, [Except you] constitue une
nouvelle étape dans la carrière du duo Philippe
Saucourt/Bruno Fleutelot puisque les
nouvelles compositions, bien que se situant dans la lignée de
celles de Piece of mind, donnent une nouvelle
dimension à la musique d’Oboken. Plus travaillés
mais aussi plus variés, les 14 titres, assez
courts, donnent un ensemble équilibré qui nous renvoie
à des climats changeants, des ambiances emplies de lumières
douces, le tout sur des mélodies tranquilles et apaisées
qui vont si bien à la voix chaude et confortable de
Philippe qui rappelle par moment les
intonations de Josh Haden (dont le groupe reprend
magnifiquement it’s so true sur scène) ou même
de Joseph Arthur.
Sur des arrangements superbes et sans
aucune grandiloquence, les deux musiciens jouent
d’instruments des plus variés allant du banjo aux
machines électroniques sans aucun complexe et apportent
ainsi aux morceaux des tonalités cachées et subtiles
qui rendent l’album particulièrement intéressant après
plusieurs écoutes.
Sur Good Pupil on remarquera un sample extrait
d’un titre de Sylvain Chauveau sur l’album Nocturne
impalpable et plus généralement on distinguera les
titres dans lesquels les rythmes électroniques remplacent
la traditionnelle batterie (evidence is beauty, song
of someone else) présentant de la musique d’Oboken
un déclinaison différente et intéressante qui dévoile
encore plus l’aspect intime de celle-ci.
Honnête et touchante à bien des égards,
cette musique montre qu’on peut voyager pour pas un
sou et même si les guides sont français, ça ne les
empêche pas de connaître les bons coins et les spécialités
locales aussi bien que les autochtones.
Alors faites-leur confiance, et si vous voyez un
disque avec une photo que l’on jurerait tirés d’un
livre de Doisneau, allez-y c’est le bon.
Benoît
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