musique

Joakim - Fantômes   

Versatile/Discograph - 2003

 

 

 

    Joakim, de son vrai nom Joakim Bouaziz n’est pas, comme pourrait le laisser croire son petit nom, un jeune premier de plus sur la scène électronique française.  Joakim est tout simplement l’un des principaux animateurs du site hyper interactif et "de référence" Tigersushi bien connu des amateurs de musique férus d’internet. Passionné de musique jazz puis plus tard de sonorités électroniques, Joakim élabore avec Fantômes une oeuvre complexe, très loin des clichés de le musique électronique dance-floor habituelle.

 

    Débutant sur un titre qui sent bon le Lost highway de David Lynch, Fantômes promène son auditeur de droite à gauche, lui faisant revisiter à l’occasion bon nombre de références musicales mortes ou vivantes que l’on imagine très bien avoir influencé un jour ou l’autre le Joakim.

Sur Are you vegetarian ? et The minimum of life il convoque une électro-pop old-school matinée de jazz avec beaucoup de réussite rappelant le Herbie Hancock d’une certaine époque. Plus loin, avec John, il s’acoquine à Katerine pour un hommage réussi et à peine déguisé à François De Roubaix. Puis il poursuit avec un titre à la Gainsbourg L' Amour C'est Pas Pour Les Caniches dans lequel il dévoile un titre électro cool mais pas aussi facile qu’il n’en a l’air, puis revient à ses amours de jeunesse avec Partly fish, partly pauper dans une veine electro-jazz du meilleur effet. Et plus on avance dans l’album et plus on se rend compte de la grande diversité qui règne parmi tous ces titres. En effet, chaque morceau pourrait servir de rampe de lancement pour un album différent à chaque fois tant la diversité semble être le maître mot ici.

 

    Faisant la part belle aux rythmes dansants, rappelant par là sa signature sur le label Versatile, mais sans négliger toutefois les passages ambiant, Joakim démontre une formidable prédisposition à brouiller les pistes et à entraîner l’auditeur là où il ne l’attend pas. La mouette en est l’exemple parfait : un morceau magnifique et d’une grande richesse, à la frontière de plein de choses et qui s’inscrit pourtant parfaitement dans le cadre défini par le maître d’œuvre Joakim.

 

    Jamais pénible, toujours inventif et surprenant, Joakim donne un grand coup de pied dans la fourmilière électronique française et livre un album décomplexé et sans limite ni barrière sur lequel il semble se livrer à toutes ses envies, en allant dans des tas de directions opposées mais en revenant toujours de là où il est parti. Disque d’une grande maîtrise, Fantôme s’impose comme l’album de musique électronique le plus surprenant, le plus singulier, mais aussi comme le plus frais du moment et peut-être bien de l’année qui sait.

 

Benoît