The
Bees - Free the bees
Wall
of sound - 2004
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The Bees
ont longtemps attisé la curiosité et l’intérêt de
la presse d’outre-Manche à cause de leur lieu
d’origine, l’île de Wight. C’est léger me
direz-vous, mais ça change un peu de Londres,
Manchester ou Liverpool.
En tout cas, cette insularité et le fait d’être
exposé aux 4 vents ont probablement contribué à
forger la culture musicale de Paul Butler et Aaron
Fletcher, le duo à la tête du groupe : sur
leur premier album, Sunshine Hit Me, ils mêlaient
sans aucun souci de hiérarchie mélodies pop type Beach
Boys, rythmiques funky, influences reggae ou soul,
voire africaines, dans leur mixer vaguement électronique.
Que des choses souriantes donc : forcément avec un
nom pareil, fallait pas s’attendre à un album de
death-metal.
Les choses ont bien changé : lorsque débute Free
the Bees, on se demande carrément si l’on a bien
affaire au même duo minimaliste et bricoleur. Cette
fois en effet, le son est beaucoup plus « chaud »,
naturel et live et le classicisme est de rigueur dans
les compositions.
Il
se trouve que depuis 2 ans, les Bees sont devenus
un véritable groupe (et un sextet encore !) et que
par la force des choses, leur style et leurs priorités
s’en sont trouvés sacrément modifiés. Si on
retrouve à peu près les mêmes influences
qu’auparavant, la démarche est cette fois nettement
moins audacieuse et beaucoup plus ouvertement rétro :
les influences Motown sont utilisées de la même
manière que chez les mods il y a presque 40 ans, et le
reggae s’est plutôt converti en rock steady
(l’instrumental The Russian). Direction 1967
toutes !
Bien sûr, ils seront
nombreux à considérer ce changement d’optique
comme une forme de renoncement : quel est l’intérêt
de singer les Yardbirds ou les Small Faces
en 2004 ? Vaste problème, quasi inhérent au rock
anglais, roi incontesté des revivalistes…
Et
si les Bees (patronyme méchamment 60s soit dit
en passant, ceux qui crieront à la trahison auraient
quand même pu se méfier…) n’avaient pour autre
ambition que d’incarner un simple « good time
band » ? Une bande de potes modeste et humble
qui prendrait un plaisir tout con à retrouver un son et
un groove aujourd’hui perdus ? D’ailleurs le
duo-leader n’exclut pas de revenir plus tard à l’électronique,
ce qui tendrait à renforcer l’aspect récréatif et
« exercice de style » de leur deuxième
album.
Il
faut bien avouer qu’à ce petit jeu là, nos gars se défendent
très honnêtement : Wash in the Rain est un
excellent single, bourré de gimmicks accrocheurs,
britannique en diable ; I Love You et The
Star 2 exercices de style soul pleins de charme ;
Chicken Payback une amusante énumération de pas
de danses cocasses qui donne la furieuse envie de
secouer ses papattes de petit blanc-bec ; These
Are the Ghosts et Go Karts 2 titres nimbés
d’une étrangeté et d’un doux psychédélisme les
rapprochant du Beta Band.
En résumé : c’est inutile, c’est passéiste,
ça ne mène à rien, mais c’est plaisant (très
plaisant à plusieurs reprises) et ça colle le sourire.
C’est parfois tout ce dont on a besoin, surtout
lorsque les beaux jours commencent à s’installer.
Laurent
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