Garden
Box - s/t
Poeta
negra/chica-chic - 2004
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Nouvelle sortie pour
le label grec
décidément très inspiré: Poeta Negra (mais
qui donc prendra contact avec eux pour diffuser leur
travail dans le reste de l’Europe ?). Nouvelle
sortie et premier album grand public au compteur pour Garden
Box. Un album enregistré dans le propre home studio
de la formation, qui saisit l’occasion donnée par le
label de Thessalonique pour une sortie moins
confidentielle.
Difficile de classer la musique de Garden Box : douze
compositions de longueur alternant entre le très cours
et le long tableau progressif.
Les
compositions, évoluant progressivement vers un
paroxysme sonore et une tension maximale, font évidemment
penser au post rock atmosphérique et presque psychédélique
de S.ink (paru sur le même label en 2003) ou à
la rage cyclique des Gallois de Mogwai . Pourtant,
il serait très réducteur de cantonner Garden Box
à cette seule veine musicale.
Car, si la guitare a ici un rôle dramatique indéniable,
il faut bien reconnaître qu’elle se dispute les
premiers rôles avec les différents éléments électroniques.
Faits de bleeps, loops machiavéliques, vocaux diaphanes
et sonorités syncopées, ils rivalisent avec les amplis
en position disto quand ils s’agit de monter à
l’assaut des pics sonores et de colère contenue;
comme jadis Autechre ou Richard James, l’élément
bouseux du rock en plus.
Signes des temps, oscillant entre tradition de groupes
à guitare toutes pédales d’effet dehors et génie
cybernétique, Garden box réussit
à créer une marée de mélancolie et de dépit
venant mourir en autant de vague grises, sur le goudron
et le bitume des cités modernes auquel l’album sert
de miroir et d’écho sans Prozac. Pas vraiment rock,
pas tout à fait techno,
le groupe nous offre ici sa vision littérale du
« post rock ».
Cet « après » musical qui s’est
nourri des expériences guitaristiques et psychédéliques
autant que de la mélancolie gothique ou bruitiste. Cet
« after » electro en pleine descente, qui
nous offre le réveil dans un lit sans gloire où on ne
se rappelle même plus avec qui on a dormi, ni pourquoi
on a accepté de monter prendre ce dernier verre promis
à des lendemains pathétiques.
Et quand un groupe nous offre pareille vision du désenchantement
contemporain, on ne
peut que crier à l’excellence.
Denis
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