L’année
2005 aura été synonyme de tout sauf de farniente
pour Calexico. Bien au contraire. Après une
envolée le temps de sept titres majestueux avec Iron
& Wine, le groupe avait enchaîné avec un
disque compilant des titres enregistrés ici et là
entre 1999 et 2005 (The Book and The Canal,
uniquement disponible via Internet ou lors de leurs
prestations live). Bref, une année pleine d’activité.
Ils reviennent aujourd’hui avec un septième album, et
amorcent un vrai virage dans leur carrière
discographique.
Lorsque
l’on pense à Calexico et à sa musique, les
premières images qui nous viennent à l’esprit
fleurent bon les tacos, la chaleur de l’Amérique
Centrale et les grandes pleines désertiques où tout être
vivant semble avoir péri, brûlés par les rayons
d’un soleil bien trop dévastateur.
Cette
vision, il va falloir la modifier. Car le groupe mené
par Joey Burns donne tout au long de ce Garden
Ruin, une orientation plus pop à sa musique. Et si
la touche Calexico est toujours bien présente
(quelques notes particulières de guitares par ci, une
trompette lancinante ici), l’ensemble reste quand même
bien loin des ambiances chicanos des précédents opus.
Le
groupe de Tucson pond 11 titres, tous très réussis.
Entre chansons intimistes (Yours & Mine, Panic
Open String, Smash) et morceaux très enlevés,
capables d’affoler n’importe quels charts mondiaux
(un Letter to Bowie Knife aux guitares électriques
et très riffeuses, un somptueux Deep Down, aux
sonorités qui rappellent le U2 des années 80),
on trouve un titre en français (le joli Nom de
Plume) et un duo particulièrement bien senti, assez
magique, qui donne un supplément d’âme à ce disque :
Roka qui ramène le groupe à ses premières
amours, avec sa trompette latine, une voix espagnole
(parfaite Amparo Sanchez) et un texte d’une
grande noirceur, évoquant le sort des réfugiés qui
tentent de rentrer sur le territoire américain.
Reste
alors le grand œuvre. La cerise sur le mariachi. All
System Red, titre de près de 7 mns, qui prend
la forme d’une balade piano/guitare acoustique, survolée
par la fragilité de la voix de Joey Burns, et
d’un texte plein de dépit, avant que tout ne
s’emballe, après une montée savamment maîtrisée,
pour s’achever dans un déluge de décibels, foncièrement
exaltant.
Bref,
loin de se prostituer en prenant un virage ‘pop’, Calexico
se réinvente et sort un disque résolument beau, bien
écrit et aux ambiances envoûtantes. Et alors que
l’on évoque le fait que la bande à Burns
pourrait continuer ses explorations sonores lors des
prochains opus, une seule chose à dire concernant ce Garden
Ruin : Pari tenté, pari réussi.
Olivier
Combes
Tracklist
:
01. Cruel
02. Yours And Mine
03. Bisbee Blue
04. Panic Open String
05. Letter To Bowie Knife
06. Roka
07. Lucky Dime
08. Smash
09. Deep Down
10.
Nom De Plume
11. All
Systems Red
Date
de sortie : 10
avril 2006
Plus+
www.casadecalexico.com
www.cityslang.com
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