S’il
est une bande de barbus à qui on accorde volontiers
notre confiance, il s’agit bien de la fratrie Herman
Düne. Les frangins David-Ivar
(guitare, basse et chant)
et André (guitare,
saxophone et chant) sont originaires de Suède, et se
sont établis au dessus de l’Atlantique, en des périples
qui les emmènent de
la France
à New York et de Big Apple à Los Angeles ou Berlin.
Deux frères poilus qui ont pris l’habitude
d’emmener leur pote d’enfance, Neman,
dans leurs bagages derrière les fûts, et depuis peu aussi,
leur petite sœur Lisa
qui s’acquitte des chœurs.
Depuis
un bail, qu’on arrive même plus à dater, David-Ivar
en solo ou avec sa petite clique, nous délivre des
albums intimes, des CD-R à la guitare, des solos
projects, des concepts albums soutenus par John
Peel… Autant de sorties qui perdent un peu le
chaland sous l’accumulation pléthorique, mais ont
chacun au moins un charme secret, une mélodie qui fait
chavirer, une surprise cachée sous l’épure musicale.
Epure musicale, parce que c’est vrai qu’on s’est
habitué à entendre Herman
Düne en version guitare+batterie, peu arrangé,
proche du son brut et du live. Dans un éventail sonore
qui irait de Bob
Dylan seul en scène avec sa voix d’écorché à Lou
Reed et le Velvet
avec son groupe brut de décoffrage.
Alors
quand Herman Düne se décide à changer un poil (jeu de mot facile) la
donne de sa musique, ça donne des débats d’amateurs
qui trouvent écho jusque parmi les chroniqueurs de
notre humble webzine. Herman Düne vient, en effet, de faire plusieurs mouvements qui
peuvent perturber les fans de la première heure :
émerger sur un label de EMI, arranger ses petites
perles mélodiques, passer de la folk pop à la pop tout
court. Trois choix qui sont pris par certains comme des
crimes de lèse-majesté. Pas pour votre serviteur.
D’abord
parce qu’on se moque de savoir où est publié un
album s’il s’avère être efficace et bien torché,
et tant mieux si le passage sur une major a offert aux
frangins la liberté matérielle de travailler, policer,
affiner le son de l’album : Herman
Düne n’est pas un perdreau de l’année.
Travailler avec plus de moyens ne semble pas du tout
avoir perdu le groupe dans la surenchère inutile. Plus
travaillé est ici synonyme de plus beau. Les cuivres en
ressortent plus charmeurs, le brossé des palets vient
chatouiller les hanches… le son est charmant, classe.
Merci EMI.
Ensuite,
parce qu’on n’est pas fondamentalement versé dans
la folk musique, ou dans les quelconques canons qui y
auraient droit de cité. Parce qu’on confesse une
large propension à aimer la pop musique, on est pas déçu
quand un des chantres de la folk musique internationale
et de la pop "velvetienne" se décide à
laisser parler son versant "facile", sans pour
autant se laisser aller à la médiocrité. Ici, Dylan
est ingéré et passé à la moulinette du soleil
(paraîtrait que c’est l’atmosphère d’un groupe
congolais qui aurait décidé Herman
Düne à laisser parler son versant pop, frais,
rythmé et joyeux), la folk s’ouvre largement sur la
pop sixties et sur celle des crooners. En fait, ici il
ne manque guère qu’un grand orchestre - ce qui aurait
été en 2006 faute de goût, et qu’évite bien évidemment
Herman Düne-
pour qu’on songe à la variété américaine de l’époque,
qui serait venue piocher dans le calypso de Harry
Belafonte sa couleur estivale.
Enfin
parce qu’en effectuant un pas de côté thématique, Herman
Düne prouve qu’il est un grand groupe. De ceux
qui se connaissent suffisamment bien, de ceux qui maîtrisent
leur son et leur méthode suffisamment pour être
capables de se renouveler en abordant d’autres
territoires musicaux : ici la pop rétro chaloupée
et cuivrée ; en y appliquant le mode de
composition qui a fait sa notoriété. Sur un air léger
et des mélodies immédiates, se distinguent la voix
habituellement blasée de David-Ivar
et la simplicité maîtrisée de la batterie de Neman. C’est en laissant André
jouer les solistes du côté des cuivres (mis en évidence
dans le mix), en laissant le style leste et les mélodies
immédiates rétro, mais pas nostalgiques, ou en
s’ouvrant à d’autres cultures ethniques et
musicales que Herman
Düne crée ici la surprise de l’année, avec son
album pop automnal au faux air d’été indien.
On
est prêt à parier que c’est avec Giant
qu’Herman Düne va faire le break, et de total indé passer à PureFM
et Le Mouv’. Peut-être s’agit-il en fait d’un
plan de carrière déjà préétabli par le groupe ?
Not on top, précédent
opus, n’y était effectivement pas encore tout à
fait, malgré sa propension à élargir la notoriété.
Espérons que le Giant du titre de l’album augure de la destinée de cette galette.
N’en déplaise aux puristes. Na !
Denis
Verloes
Tracklist
01.
I Wish That I Could See You Soon
02. Nickel Chrome
03. 1-2-3-Apple-Tree
04.
Bristol
05. Pure Hearts
06. No Master
07. Take Him Back To
New York City
08. Baby Bigger (Instrumental)
09. This Summer
10. Your Name / My Game
11. By The Light Of The Moon
12. When The Water Gets Cold And Freezes On The
Lake
13. Giant
14. I’d Rather Walk Than Run
15. Glory Of Old
16. Mrs Bigger (Instrumental)
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