Loisirs
- Glamoroso
Dora
Dorovitch - 2003
Loisirs
est un groupe originaire de Poitiers, chantant en
anglais. Un groupe "de vieux gras"
jouant de la musique de jeunes. C’est ce qu’on
apprend en lisant la biographie du groupe sur le site du
label. Aïe ! est-on été tenté de dire
quand notre rédacteur en chef bien m'a transmis la galette pour écoute et chronique."Parce
que je crois que c’est plus ton style" a-t-il
cru bon d’ajouter, et cette phrase me semblait tout
sauf engageante. Décidé à monter au casse-pipe,
j’ai lancé le CD sur la platine.
Et soudain, un poids lourd de la trempe de Mike Tyson
m’a balancé un violent crochet aux oreilles. Loisirs
c’est de la puissance, du gros son rock gras et un peu
crapuleux . Glamoroso c’est de l’énergie
maligne à l’état pur. Un bain de jouvence tel que le
prédisait la bio ; auquel le côté "vieux
gras" apporte la maturité, la réflexion et
l’originalité artistique. Difficile, dans cet orage
électrique, de savoir quel titre pourrait servir de
single de lancement au groupe. La petite quarantaine de
minutes du disque se présente d’ailleurs en bloc à
l’auditeur, sans pic ni baisse de régime. Nous nous
laisserons, comme tout le monde, porter au fil de ces 11
titres faits de punk, de pop, de rock, et de garage…
Excusez du peu.
L’album
aurait-t-il contenu trois singles évidents ? Il détrônait
pas mal de tocards du "marketo-panthéon" du
"retour au rock" qu’on tente de nous
vendre ces derniers temps. Mais ça ne semble pas le but
de Loisirs qui éclate et fait partager le
plaisir évident que le groupe a à faire du bruit
ensemble.
Si on se réfère encore une fois à la bio du groupe,
c’est du côté de Shotmaker,
Milemaker ou Robocop Kraus qu’il
faudrait aller rechercher des influences au groupe. On a
envie de la croire. Pour deux raisons : Votre
serviteur n’a pas la moindre idée de qui sont ces
groupes de référence, mais aussi parce qu’à
l’exercice périlleux de la comparaison, on se
retrouve confronté dans le cas de Loisirs, à
n’en trouver aucune ; ou une légion de possibilités
toutes aussi peu efficaces qu’inappropriées.
Ici, on retrouve le crachat à la face du monde lancé
par un hypothétique Joe Strummer, là c’est la
batterie martyrisée qui fut un jour la marque de
fabrique de Therapy?. Ici, ce sont les plages de
Fender distordue rappelant les envolées des vieux Placebo.
Là c’est l’énergie punk-pop de Ash ou de
Green Day, la production toute pourrave des Strokes.
Ici encore, on croit reconnaître la voix en
retrait des premiers Ride ou la manipulation de
la structure des titres, style Daydream nation
des Sonic Youth. On est pas dans la merde ?!
Mais comment fait-on pour chroniquer notre pur plaisir
d’auditeur ? Comment rend-t-on l’envie
d’envoyer d’un coup de pied sa table de travail
valdinguer par terre et l’irrésistible attrait à
balancer la tête dans tous les sens ? Nous
citerons une dernière fois la bio du groupe, pour se
mettre d’accord avec elle : Loisirs, c’est bel
et bien le « meilleur groupe de branleurs américains
de Poitiers »… Mais surtout prions pour
qu’ils ne changent pas. On en redemande !
Denis
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