Mogwai
- happy songs for happy people
1/2
Rock Action/PIAS - 2003
Difficile d’assumer un statut de leader. Pas droit au
faux pas ni au manque d’inspiration. Dommage pour eux.
C’est la réflexion qui nous est venue au moment
d’entamer la chronique de Happy songs for happy
people. Car franchement, la première écoute du Mogwai
nouveau, nous a laissé un petit goût de déjà
entendu. Un petit air de « moins bien ».
Young Team, premier véritable album du
groupe, annonçait le programme d’un groupe de Glasgow
qui avait décidé à l’orée de 1997 de composer
« de la musique sérieuse à guitares ». Le
résultat était étonnant, et novateur. Tellement
novateur que les journalistes en mal d’étiquettes ont
qualifié ces nappes de guitares rock pseudo-progressif,
poussées au larsen, et ces mélodies aériennes éthérées
d’un nom passe-partout: le post rock.
Suivait un Kicking a dead pig qui démontrait
les parallèles possibles entre les tripes du rock et
les enseignements atmosphériques de la techno. Come
on die young élargissait le champ des possibles de
ce nouveau genre qu’était devenu le post rock :
chant, samples, production aux petits oignons… et Mogwai
de continuer à montrer la voie d’un style musical
qu’ils avaient popularisé, sinon inventé.
Rock action quant à lui, introduisait
le chant mélodique dans la formation et la structure
« FM » de leur genre, calibré pour les
radios et les concerts. Premier symptôme d’une baisse
de régime? Dans le même temps plusieurs groupes, de Migala
à Paloma en passant par Godspeed you black
emperor se faisaient connaître comme prétendants
au trône, imaginatifs en diable.
On se demandait ce qui pourrait encore
enrichir ou transformer le style Mogwai. Happy
song… répond à la question : Rien. Mogwai
a-t-il fait le tour de ses possibles ? Rien
d’original ne vient titiller
nos oreilles dans cet album. On retrouve les
guitares rugissantes de Young team et les effets
de CODY. Le groupe oublie
par contre le formatage un peu plus commercial de
Rock action et le chant pur et simple. Mais pas
de nouveauté véritable. Soupir de déception ?
Non. En passant le casque sur les
oreilles, on se laisse pourtant à nouveau conquérir.
On retrouve avec plaisir les sensations qui nous
ont conquis au fil des précédents albums : les
murs de guitares à effet, les longues envolées, la
contrebasse grinçante et lancinante… L’effet
« madeleine » est efficace et les saveurs
des précédents albums reprennent le commandement de
nos sens. Certes le nouvel album n’est pas neuf, et on
ne conseillera pas Happy songs à qui veut découvrir
le groupe. Certes la musique ne change pas et cet album
ne s’inscrit pas dans une démarche innovante.
Pourtant, à l’instar du dernier album d’Oasis,
ou des derniers essais des Cure, c’est parce
qu’on aime un genre spécifique qu’on est content de
retrouver les sensations des précédents albums.
L’album reprend la même formule que ses prédécesseurs,
note pour note, effet pour effet, techniquement irréprochable.
On est pas surpris, on est pas étonné mais on finit
content de voir la discographie du groupe s’étoffer
d’un chapitre de plus, augmentant le nombre des
possibilités quand vient le moment de placer un disque
de « post-rock »
de bonne facture sur la platine de son lecteur
CD. Certes il ne
faudrait pas qu’ils nous refassent le même coup
pendant vingt
ans, mais pour cette fois encore, on passe l’éponge
et on déguste en amateur.
Denis
|