Nectarine
N°9 -
I
love total destruction
Beggars
group - 2004
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Et
si ? Et si la pérennité
du rock passait finalement moins par la relecture
garage façon groupe en « the » que par les
crossover bruitistes de racines et de modernité comme
le pratiquent le Nectarine n°9 ? Car il
faut dire qu’avec leur 5ème
album en date, les Edimbourgeois
frappent fort. Pas un décoiffage ou une
atomisation des oreilles, non ! Juste l’album
qu’il faut, comme il le faut à l’endroit et au
moment où il faut.
Fait de cette musique inspirée du blues et du
rock primal, comme en usent et en abusent Jon
Spencer blues explosion,
I love total destruction s’inscrit dans
une longue tradition de blues rock, mais en version plus
sage sans doute. Sur un fil tiré entre Capt.
Beefheart et le 21 e siècle. Ici la guitare à des
inflexions 50’s-60’s et la disto rappelle les amplis
à lampe comme au bon vieux temps de ce son chaud qui émailla
les premières années du rock and roll électrique.
Mais Nectarine n°9 ne se satisferait pas d’une telle,
et déjà louable, continuité mélodique foutrarque. Davy
Henderson
(voix /guitare), Simon Smeeton
(guitare), Todd Thompson (guitare) Ian
Holford (batterie) et John Thompson (basse)
savent jouer de leur instrument, et entendent le
prouver. Les riffs apparaissent de ci de là, et
disparaissent avant de forcer sur le côté guitar hero ;
la batterie sait ce faire inventive et lorgner du côté
du free jazz, la basse aime le groove qui roule et le
groupe sait comment transformer un grincement de corde
en élément mélodique que leur envierait la techno. On
songe parfois aux inventions sonores de Tortoise
aux portes du jazz et de l’électro, avec cette patte
blues rock qu’on ne connaît pas chez le groupe de
Chicago.
Et puis, touche finale ou nœud rouge sur un album déjà
franchement bien ficelé, il y a dans les compositions
« lo-fi travaillées » des Nectarine n°9
une incommensurable propension à la mélodie qui reste
dans la tête… Il
suffit d’un enchaînement vocal ou de quelques notes
pour ajouter à l’ensemble le soupçon de pop qu’on
retrouve encore sur les récents albums de Blur
par exemple. Le truc un peu pataud et bêta, mais
tellement jouissif qui se dégage d’un titre, percute
quelques neurones et fait son nid au milieu du cerveau,
pour ne plus le quitter avant d’avoir vraiment appris
à voler.
Un album brut et classieux à la fois. Du pur plaisir à
l’écoute, mélange de simplicité et virtuosité.
Assurément la trempe d’un album du mois. Nous aussi
quand elle ressemble à ça, on
aime la destruction totale !
Denis
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