Jack
The Ripper - I'm coming
Le
Village Vert/Wagram - 2003
Après l’excellent premier album de La Blanche
(chroniqué par ailleurs), le très bon Au Revoir
de The Electric Fresco, voilà la dernière petite
merveille de la musique française: I’m Coming de
Jack The Ripper. Un album (chanté en anglais)
d’une impressionnante maturité musicale.
Dès
le premier titre, on sait à quoi nous allons être exposé :
une rythmique douce mais entêtante, quelques accords de
guitare survolés par quelques notes de violons. Et puis
cette voix qui arrive, qui se pose sur cette musique. Un
accent particulier (français en fait) pour un chant en
anglais. Et puis la chanson s’accélère. Les sons se
font plus incisifs, plus tranchants. Le violon étale
toute sa force et sa beauté, et s’impose largement. La
rythmique devient plus lourde. La voix reste la même,
belle et forte, pleine de caractère.
La
Femelle du Requin symbolise bien ce
nouveau disque des Jack The Ripper – collectif
versaillais formé en 1995 et auteur d’un premier album
en 2001, The Book Of Lies – I’m Coming.
Un disque en forme de cabaret rock, où se côtoient
violons tsiganes du meilleur effet, cuivres savamment
distillés, piano égrenant des notes de façon
majestueuse, et guitare aux accords simple et efficace.
La force de cet album est de ne pas donner une importance
définie aux instruments. Bien sûr, la batterie tient une
place primordiale, mais sait être discrète. La guitare,
si elle reste omniprésente ne domine aucune des chansons.
Un trombone, un violon ou un bandonéon. Chacun de ses
instruments prend tour à tour le rôle de pièce maîtresse
du morceau.
Et ces
associations d’instruments accouchent d’un album assez
sombre. Mais pas seulement. Et c’est en cela que cette
production de Jack l’Eventreur (en français dans
le texte) est passionnante. Car sous l’aspect mélancolique
et lancinant de ces chansons, sous le côté charmeur mais
inquiétant de cette voix (Martha), derrière
l'aspect sombre des paroles (A Portrait’s Gallery),
Jack The Ripper développe un côté festif et
dansant. Des titres comme Escape ou Bad
Lover en sont l’illustration parfaite.
Ce mélange évident et recherché par le groupe lui confère
ce côté inattendu et presque in-entendu. Bien sûr, les
références semblent évidentes : Tindersticks,
16 Horsepower, Nick Cave ou Tom Waits.
Et pourtant, cela ne ressemble à rien de vraiment connu.
Une sorte de petit Objet Musical Non Identifié.
Le
plus fascinant, toutefois, à l’écoute de cet album,
c’est sans conteste le fait d’être transporté dans
une ruelle sombre, noyée d’un fog londonien, un
peu comme dans les films noirs des années 50.
Une
ambiance qui dure tout au long du disque, confirmée par
la pochette de Juarez Machado, artiste brésilien,
qui entoure d’habits de lumières cet album tout
simplement étonnant, étourdissant et attachant, dont il
est très dur de se défaire.
Olivier
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