musique

Yel - Intimes illusions

Distrisound - 2003

 

 
 

     Difficile de chroniquer l’album de Yel. Difficile, parce que le ressenti face au groupe belge, en provenance de Huy dans la province de Liège, variera en fonction de l’âge du capitaine… Enfin de l’âge de l’auditeur qui sera mis en présence de la musique d’Intimes illusions.

 

    Après avoir lancé l’album sur ma sénile platine, j’ai été surpris de prime abord par le mimétisme de nil novi sub sole avec la voix et la façon de Noir Désir, époque Homme Pressé. Personne ne leur a dit que ça ressemblait ? Je regarde la bio… Ah non cette référence n’est pas mentionnée. Pourtant. La même guitare qui a un train à prendre, la même rage vocale… Et malheureusement, pas du tout le même niveau de textes. On retrouvera la veine noir désirienne plus loin sur la galette.  Le second titre va quant à lui plutôt re-chiper une mélodie chère aux Pixies et des sonorités que ne renieraient pas Placebo. 

 

    Même impression pour les titres suivants. : reality record, sombre histoire, Un autre jour, tout s’éteint  On croit souvent reconnaître un titre de l’un  ou une inflexion de l’autre. Les paroles continuent à gentiment pêcher par excès de faiblesse, -mais n’aurait-on pas la même réflexion pour nombre de groupes pop anglais  dont nous comprendrions les phrases ? Plus loin encore, c’est du côté de Stereophonics, Therapy ? ou Muse qu’on croit  identifier des morceaux de tube.  Il plane sur tout le disque comme une impression de déjà entendu. Pire de déjà entendu « cette chanson là »… Qui laisse un arrière goût de copie conforme.

 

    Dans ses pires moments, Yel convoque Axel Bauer ou Daran et les Chaises  à venir tâter de son buffet sonore.  Des particules de mélodies, des effets sur la basse, une voix passée au filtre d’un micro à l’ancienne ; une rythmique, un gimmick, et un album en crescendo vers toujours plus de rock, de vagues rageuses et de paroles creuses… Yel n’est jamais vraiment original et jamais vraiment agaçant non plus. Second couteau. C’est le mot qui me vint assez vite à l’esprit. Malheureusement. On arrête là ? Non !

 

    Non ! car j’ai transmis la galette écoutée à plus jeune que moi. Plus jeune mais aussi  pile dans la cible. Elle « kiffe » la musique qui tabasse et ne dénigre pas Marilyn Manson  ou  le rock façon MTV ou MCM . Elle aime bien Placebo ; elle apprécie Muse et les Stereophonics. Elle était un peu jeune pour les derniers concerts de Therapy… Elle aime Yel et  assume. « Des Belges tu dis ? Tu sais où on peut trouver l’album, parce que mes potes accrochent bien aussi ? ». Et moi de me dire que décidément j’ai vieilli… Moi qui trouve le nouveau Placebo tout fade et le dernier Indochine caricatural. Moi qui ricane devant Muse et Blink 182. Moi qui me demande si la musique a encore un avenir et si les jeunes ont encore du goût… je suis un vieux . Non Yel n’est pas original, mais est-ce que mes Kinksiens Blur ou mes Beatlesien Oasis l’étaient, à l’apogée de leur gloire ? Je suis vieux et même plus capable de m’extasier devant un groupe de vieux comme moi, qui se piquent de donner de la musique qui plait aux jeunes comme mon auditrice test. 

 

    Alors oui, Yel annonce la couleur dès la première chanson : nil novi sub sole. Rien de neuf sous le soleil. Les trentenaires passent leurs chemin sur un album qu’ils trouvent un peu fade ? Les teens y voient juste une série de 15 titres taillés pour les charts francophones et les médias y afférant. Amis labels de l’hexagone, il ne reste plus qu’à signer...

 

Denis