musique

Entretien avec Anorak 

 

 
 

Formation atypique que l'on pourrait qualifier de "virtuelle" par le fait que les deux membres qui la composent ne se sont jamais rencontrés, Anorak séduit par une approche de la musique originale et un album passionnant sorti au second semestre 2003. Il n'en fallait donc pas plus pour que l'on se penche sur le cas de Nicolas le belge et René l'allemand, les deux têtes pensantes d'Anorak.

 

Comment est né Anorak ?

Nicolas : C’est sur un peer to peer (un site d’échange de fichiers musicaux) que nous nous sommes rencontrés. Nous nous sommes envoyés quelques débuts de morceaux qui ont abouti à Four Songs ; nous les avons mis sur un site et partagé autour de nous. Ces chansons sont celles que Static Caravan a sorties pour notre premier 7’’

 

D’ou vient ce nom « Anorak » ?

Nicolas : René classait déjà sa musique sous le nom d’« anorakelectronica » et je pense que le nom était parfait, aussi pour toute une foule de raisons…

 

Et vous n'avez jamais ressenti le besoin de vous voir, de vous rencontrer, d'échanger des idées, de jouer ensemble tout simplement ?

Nicolas : Oui, c’est évident que nous aimerions beaucoup nous rencontrer. Coralie et moi avions prévus de rendre visite à René à plusieurs reprises et, à priori, j'aurais du être présent au concert qu'il a donné avec Colleen... A d'autres aussi, qui ont finalement eu lieu sans nous.

Le boulot nous a malheureusement pris beaucoup trop de temps, cette année particulièrement. C'est aussi pour cette raison que nous ne faisons pas de concerts : impossible sans préparation de visu. On pourrait prendre un air affairé et sérieux devant un laptop mais c'est le genre de représentation qui nous ennuie à mourir, à l'un comme à l'autre. Mais, en attendant de voir Nuremberg, c'est assez intéressant d'écrire de la musique de cette façon.

 

 

Comment avez-vous travaillé pour cet album ?

Nicolas : Nous nous sommes laissés porter en travaillant mutuellement sur les morceaux commencés par l’un ou l’autre et ainsi de suite... C’était plus une sorte de dialogue musical, « entre nous », en expérimentant chacun des choses différentes de notre côté... Certains morceaux demandaient simplement à être chanté, accompagnés d’une voix ou deux

 

Pourquoi avoir choisi le label allemand Mira records ?

Nicolas :  Après ce premier 7’’, nous avions déjà préparé un certain nombre de chansons, et nous avons eu la chance de tomber sur Florian (de Mira Records), qui est quelqu’un de particulièrement gentil et de généreux. Nous apprécions aussi beaucoup la sortie qu’il avait faite de I Am Robot And Proud.

 

 

De quoi parlent vos textes en général ?

De regrets surmontés, de fausses nostalgies, de petits plaisirs simples… 

 

Le mélange d’instruments traditionnels (et même moins traditionnel comme le mélodica) et de machines ainsi que les arrangements sont particulièrement réussis sur votre album. Y avez-vous attaché beaucoup d’importance ?

Nous n’avons pas porté d’attention à une chose plus qu’à l’autre… Je crois que nous avons tous les deux un goût pour tous ces instruments, comme pour les machines… pour le piano, le violon, la clarinette, comme rené à la guitare, au glockenspiel etc. Mais ces goûts sont interchangeables…

 

La musique d’Anorak rappelle celle de groupes tels que Berg sans Nipple ou Monogram qui pratiquent eux aussi également ce genre de mélange. Appréciez-vous ces groupes ? Vous sentez-vous des affinités avec eux et leur musique ? Plus généralement, de quels groupes vous sentez-vous le plus proche ?

René: J’aime beaucoup Monogram, mais je ne connais pas Berg Sans Nipple. En ce qui concerne mes influences, je dirais que j’ai grandi avec le rock indé, avec des groupes tels que comme Sonic Youth ou Pavement. En général, j’aime ce qui va de Nick Drake à A Tribe Called Quest, des Beach Boys à Stars of the Lid, de My Bloody Valentine aux Rachel’sThe Left Banke, A.R. Kane, Isan, Grandaddy, Joy Division, Augustus Pablo, etc.

Parmi les choses récentes ou nouvelles que j’ai aimé cette année je citerai par exemple :  Manitoba, Sufjan Stevens, Colleen, Empress, Movietone, Four Tet.

 

Nicolas : C’est amusant, parce qu’on nous parle souvent de groupes dont je n’ai jamais entendu parler… Je serais plutôt curieux de les entendre.

Je ne me sens pas vraiment proche de groupes en particulier, j’écoute surtout du jazz pour le moment, du classique, ou des albums des années 60/70. Que des vieux trucs en fait. A part peut-être pour le dernier album de Wechsel Garland And World Standard. Ca, et puis le nouvel album que Montag enregistre en ce moment et qui va être merveilleux !!

 

 

Quand j’ai lu votre bio, notamment la participation de la sœur et de la petite amie de Nicolas  j’ai immédiatement pensé aux débuts de Philippe Katerine, qui faisait, lui aussi, chanter sa sœur et sa copine car lui trouvait sa voix trop mauvaise. Je sais que ce n’est pas votre cas puisqu’on entend des voix masculines également sur l’album. Toute comparaison mise à part, envisageriez-vous un parcours comme le sien : 2 albums sortis en catimini puis la reconnaissance du grand public. Plus sérieusement, comment voyez-vous l’avenir d’Anorak après ce premier essai ?

 

Effectivement, il y a un peu de ça… Ma voix n’est là que faute de mieux. 

En fait, nous mettons toujours nos voix à un volume à peine audible et nous montons à tour de rôle la voix de l’autre… A l’inverse, je trouve celles de Coralie et de Charlotte simplement charmantes… Alors, la comparaison n’est pas totalement fausse. 

 

Pensez-vous aborder la scène ?

René : Nous ne tournons pas comme nous ne disposons pas vraiment d’argent pour ça, et puis les temps sont durs pour les concerts... je doute qu’il y ait beaucoup d’intérêt pour… J’ai joué seul 2 soirées Anorak en Allemagne. Une en première partie pour Colleen qui est géniale ; Cécile (Colleen) est vraiment très gentille,  et si vous avez l’occasion de la voir, ca vaut vraiment le coup !

En fait ma prestation consistait surtout à proposer des versions instrumentales des morceaux, sur lesquelles je chantais, ou sur lesquelles je jouais du mélodica, avec un sampler yamaha un peu pourri mais vraiment cool (vss 200) ; pas de laptop, juste une platine cd . Les gens m’ont dit qu’ils avaient apprécié, probablement parce que j’avais bu beaucoup trop de vin rouge et que je parlais sans arrêt entre les morceaux,


Pouvez-vous nous parler de vos activités annexes ?

René : Je m’occupe également de ckid (projet personnel) qui au départ  est un projet electronica assez pop et après beaucoup trop de remixes (Figurine, Giardini di Mirò, The Robocop Kraus), ça semble se diriger vers un futur très folk et parfois un peu ambient… Mais je passe aujourd’hui plus de temps sur des morceaux pour Anorak.

 

Nicolas : Finish your meal! était un projet qui me permettait d’écrire des mélodies un peu naïves, sur lesquelles ma petite sœur pouvait chanter… le genre de chansons qu’on écrirait lorsqu’on est grondé. Ca fait longtemps que je prépare des morceaux classiques - piano, clarinette, cor et flûtes, mais je ne suis pas encore prêt…

 

Comment voyez-vous l’avenir d’Anorak ?

Nous sommes devenus très prudents avec les labels. Cette musique, c’est notre bébé et nous voulons lui offrir le meilleur… Nous verrons ce que nous ferons par la suite. Pour le moment, un morceau est prévu pour une compilation basée sur des instruments-jouets.

 

Propos recueillis par Benoît - Novembre 2003

 

Quelques liens :

 

> Anorak

> ckid

> Finish your Meal !

> Mira records

> starvingbuthappy (compilation téléchargeable gratuitement)