Concert
/ Entretien avec Mathieu Boogaerts
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Mathieu Boogaerts était de passage le
13 novembre 2003 à Beaucourt (90) adans le cadre de sa
tournée "Concert solo". L'occasion
pour Benzine de rencontrer ce chanteur simple et
chaleureux dans un cadre intimiste et champêtre où
l'humour, la proximité, et le jeu de scène étaient au
rendez-vous.
Mathieu, seul ou presque, avec ses instruments, sa voix,
jouant parfois le "human beatbox" ( imitation
buccale de la batterie), son rocher et son vidéo-projecteur
a su, ce soir-là, charmer le public présent.
J’ai
à ce propos lu dans une interview que Mathieu se
faisait parfois chier dans les concerts (ouf, j’ose
enfin avouer que souvent moi aussi) parce que la
fantaisie en est souvent absente. A part de rares mots
d’humour, toujours les mêmes et placés au même
moment dans les 50 villes de la tournée, les groupes ou
les chanteurs innovent peu par rapport à la version
enregistrée en studio, alors Mathieu ne veut surtout
pas que les gens s’ennuient à ses concerts. et ce
soir-là le pari fut gagné car le temps passa
finalement très vite.
Il est vrai que ce chanteur a la bougeotte , mais une
bougeotte retenue, on sent qu’il a envie de danser,
mais avec une guitare, rien de moins évident. C’est
pourquoi, on voit souvent sa jambe se soulever
gracieusement et décrire des cercles, un peu à la manière
d’un chien qui pisse… ce qui nous a inspiré une
question que nous n’avons pas ajoutée à
l’interview : ton attrait pour la culture
orientale ne t’aurait-elle
pas amené à envisager une réincarnation canine ?
Pieds nus et vêtu très simplement d’un vieux T-shirt
orange et d’un pantalon de toile qui a dû lui
aussi faire de l’usage, Mathieu
Boogaerts se trémousse et déambule sur la
scène. Justement, la scène, même si c’est un
concert solo, elle n’est pas vide : un grand écran
occupe tout un côté et à gauche de cet écran, un
grand rocher avec deux micros ; un près du sol où
Mathieu peut venir, telle une sirène, nous susurrer une
douce mélodie à l'oreille.
Ce soir-là, Mathieu se retrouve face à un public
composé essentiellement d’abonnés au programme (très
éclectique) du foyer Brassens de cette petite commune
proche de la frontière suisse. Il a choisi de nous présenter
une version parlée et très minimaliste (agrémentée
de quelques accords de tambourin qui déchirent à mort)
du titre phare de son dernier album Le ciment.
Mais
revenons à l’écran : des paysages sont filmés,
au début, une plage (je pensais alors qu’il allait
commencer par la chanson « Ah, ce qu’on est
bien au bord de la mer »)
puis une route en forêt où passe parfois une
voiture dont le bruit du moteur vient soudain faire
concurrence à la douce voix du chanteur…et puis, après
quelques morceaux à la guitare et accompagnés de la boîte
à rythmes, Mathieu fait surgir deux musiciens…de l’écran !
Les deux hommes l’accompagnent au piano et à
la batterie. A la fin du concert, Mathieu nous
livre une dernière pirouette visuelle puisqu’à peine
est-il rentré en coulisses qu’on le voit apparaître
sur l’écran, vêtu évidemment de la même façon et
marchant sur la plage en nous faisant signe de la
main d’un air complice.
Du haut de ses 33 ans, on peut dire que Mathieu
Boogaerts a gardé la légèreté,
l’imagination et la poésie de l’enfance.
*
* *
Un
fois le show terminé, et juste avant la douche,
il a gentiment répondu à quelques questions sur le
vif.
BOOGAERTS,
ça sonne plutôt belge ou hollandais…quelles sont vos
origines ?
J’ai
33 ans et je suis originaire de la région parisienne,
un grand père flamand (ce qui explique son nom)
Qu’est
ce qui vous a amené à la musique ?
En
fait, il y avait un clavier chez moi et j’ai commencé
à y toucher vers l’âge de 12 ans, et de fil en
aiguille, j’ai commencé à jouer avec des copains au
collège, puis à m’intéresser à d’autres
instruments ; j’ai un jour commencé à chanter
et écrire des paroles dans un des groupes de quand j’étais
plus jeune. J’ai quitté l’école à 18 ans, je
faisais à l’époque essentiellement des maquettes
avec un magnétophone à 4 pistes puis, de petits
boulots en compositions, j’ai signé mon premier
contrat à 25 ans.
Vous
en vivez ?
Oui.
Je ne fais que ça.
Qu’est
ce qui vous influence ?
C’est
très difficile à dire, les influences sont
difficilement identifiables, elles vous échappent
souvent.
Votre
voix douce et vos mélodies légères sont-elles le
reflet de votre personnalité ?
Il
m’est très difficile de le dire, car je n’ai pas le
recul nécessaire pour ça. Mais je pense que oui, car
j’assume tout ce que j’écris,
je suis vraiment dans ce que j’écris.
Donc,
vos sources d’inspiration sont plus personnelles
qu’influencées par des sujets d’actualité par
exemple ?
Oui,
ou si un sujet d’actualité m’inspire c’est parce
que j’ai pu avoir un rapport personnel avec.
Qu’est
ce que vous écoutez, quelles sont vos références
musicales ?
J’écoute
beaucoup de musique noire, sous toutes ses formes,
qu’elles soient africaines, brésiliennes, jamaïcaines
… Je n’écoute pas de pop rock.
Le
rock vous semble t il trop froid par rapport à ces
musiques plus sensuelles ?
Oui,
ce doit être ça. La sensualité, les rythmes des
danses qui sont issus de ces musiques m’attirent
particulièrement. J’aime beaucoup danser.
Quelles
sont vos références littéraires, cinématographiques ?
Je
lis très peu, je « butine » plutôt, quand
au cinéma, j’y vais très souvent, j’aime tous les
cinémas qu’ils soient italiens, asiatiques français
… mais 9 fois sur 10 je vais dans les salles d’art
et d’essais. Paris est l’endroit idéal pour ce
genre de sorties.
Quel
genre de personne êtes-vous dans la vie ? Etes
vous un noctambule effréné ?
Non,
je ne suis pas un grand fêtard, mais comme j’aime le
monde, il est rare que je passe une soirée seul.
Marie-Noëlle
et Michaël - Décembre 2003
La
chronique du disque > Mathieu
Boogaerts – 2000
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