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Entretien avec Headphone

    Entité musicale formée autour de Jean-Michel Pirès, Headphone a sorti au cours de l'année 2003 un album hors norme, en marge de la production habituelle, qui reflète les envies et les goûts de certains musiciens de la scène française actuelle. Pour en savoir plus sur le fonctionnement et les aspirations de Headphone, Jean-Michel Pirès et Charles Garabed H. répondent à quelques questions.

Comment est né Headphone et comment vous étés vous retrouvé sur le label "ici, d'ailleurs" ?

Le groupe a été formé par Jean-Michel Pires et Charles Garabed H. en 1998 avec la volonté d'enregistrer très librement sans but précis des sons, des ambiances qui nous trottaient dans la tête depuis un petit moment en utilisant des instruments ciblés comme la guitare, l'orgue, le piano, les cuivres, la contrebasse, le tout marié à des samples divers et variés.
Jean-Michel officie chez The Married Monk et Bed, 2 groupes signés chez Ici d'Ailleurs, Headphone a donc atterri de façon assez naturelle au sein du même label. Mais ça ne s'est pas fait du jour au lendemain…

Etes vous un groupe à géométrie variable ou bien une entité fixe qui se retrouve à des moments donnés, de manière organisée ou simplement par-ci, par-là, quand le moment ou l'envie se fait sentir ? 

On peut dire que le groupe est à " géométrie variable " avec un noyau constitué de Jean-Michel et de Charles. Mais l'entité commence à trouver un socle plus large avec Marc Sens et Nicolas Courret comme intervenants réguliers. Des gens comme Benoît Burello nous ont donné un coup de main précieux, mais il reste un acteur occasionnel au sein du groupe.

Au fond n'est-ce pas trop difficile à gérer ?
On se réunit essentiellement quand on doit répéter pour un concert, événement assez rare pour nous, ou quand on doit enregistrer. Ce n'est pas évident, chacun étant pris par des engagements personnels.

Comment travaillez-vous ? Chacun un peu de votre côté puis vous mettez tout en commun ensuite, ou alors au moment où vous vous retrouvez, vous ne savez absolument pas ce que vous aller jouer et vous laissez une grande part à l'improvisation ?

Nous n'avons pas défini de méthode particulière. Nous jouons beaucoup de parties avec ou sans idée précise chacun dans son coin ou ensemble ; on enregistre, on réunit ces pistes, on monte, on coupe, on intervertit des parties entre morceaux, on accélère, on ralentit certains sons, on inclut des samples et on essaie de trouver un équilibre dans tout ça. C'est assez long. Bon nombre d'idées, d'associations de thèmes naissent par hasard. Et si certains morceaux sont réussis, c'est aussi du à ce hasard et à la chance.

Peu de groupes jouent ce style de musique en France. Vous sentez-vous proche malgré tout de certaines formations (hormis vos groupes respectifs) de la scène française (ou étrangère) actuelle ?

On se sent proche de gens comme Bastärd, Sylvain Chauveau, Don Nino, Cosmo Vitelli, Manuel Bienvenu…

Quelles sont vos influences, vos inspirations ? 

Beaucoup de choses. Il est vrai que pour ce premier disque, Talk Talk, Pink Floyd, Howard Shore, Can, John Lee Hooker, Brian Eno ont été de bonnes sources. Mais l'inspiration ne provient pas forcément du monde de la musique. Le cinéma, la photo, les randonnées à vélo ou les halls d'aéroports sont tout aussi importants.

Vers où voulez-vous amener vos prochaines compositions, avez-vous défini certaines directions ?

On veut l'imperfection, l'inachevé, l'ambiguïté, la lenteur, laisser l'imaginaire faire son travail. On va essayer de pousser au maximum ce que le hasard peut nous donner comme matière sonore que l'on pourrait transformer en "musique".

Voyez-vous Headphone comme une sorte de passe-temps entre 2 albums de votre formation d'origine ou est-ce véritablement un projet auquel vous consacrez autant d'énergie et de passion que pour le reste ? 

C'est un groupe aussi important que les autres. La différence est qu'il y a un travail de composition qui n'existe pas pour moi chez The Married Monk ou Bed. Ce projet demande beaucoup de temps, est long à mettre en place, l'énergie et la passion sont forcément le carburant qui va lui permettre de perdurer.

Pensez-vous composer à nouveau sur ce type de format musical, c'est-à-dire sur des morceaux assez longs comme ceux présents sur "Work in progress..." ou plutôt sur des morceaux plus courts et moins abstraits ?

On voudrait approfondir ce qui a été entrepris sur ce disque avec une instrumentation différente. Pour l'instant rien n'est encore défini.

Le travail en commun au sein d'Headphone vous apporte t-il quelque chose de plus à chacun ? Est-ce une source d'enrichissement d'un point de vue musical ? 

Le travail au sein d'Headphone nous apporte une certaine satisfaction malgré la relative imperfection du premier disque. Le fait d'avoir produit ce disque de A à Z nous a beaucoup appris.

Discutez-vous beaucoup lors de la composition ?

On discute assez peu lors de la composition vu le caractère improvisé des titres.

Le prochain Headphone est-il déjà prêt ? Sinon à quand une session d'enregistrement pour un prochain album ou simplement une prochaine répétition ?

Les enregistrements ont commencé. Certaines parties ont été éditées. Pour l'instant, rien de concret.

Entretien réalisé par Benoît le 1er septembre 2003

Merci au label ici d'ailleurs.