Inatteignable
Maximilian Hecker
Interview
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Maximilian Hecker
semble ne pas faire partie de notre monde. Un peu comme
un film d’Ingmar Bergman, il y a une frontière
invisible entre ses ambiances et celles dans lesquelles
nous évoluons. Une parenthèse hors du temps, d’une
époque, qui tourne autour d’un état éthéré proche
de la mort et de l’état amoureux. La collision entre
son univers et le nôtre n’a pas été facile. La pièce
où nous discutions de l’état in utero que tous le
monde recherche étant parasitée par des va et viens et
des robinets qui fuient. Chaque interruption causant une
remise en condition difficile et longue qui se finit
heureusement par le cœur de ce qui anime Maximilian
Hecker dans son rapport à la musique. Un total
abandon à une autre réalité.
La naissance de Lady
Sleep
Rose, son précédent album fut un passage difficile
pour Maximilian Hecker. Il
appliqua à lui-même une pression et en est venu
à une introspection qui, au fil des jours, le
troublait. Le contraire s’est réalisé avec Lady
Sleep. « J’avais une pression
particulière pour Rose. Je voulais qu’il soit réussi.
Mais la principale difficulté venait du chant. C’est
la partie la plus dure de la musique. Avec Lady Sleep
c’était plus facile. J’étais mieux préparé et je
savais quels problèmes j’allais devoir affronter. Je
me sentais mieux pour le faire, c’était même plus
facile de chanter. J’étais juste plus confiant et je
savais quoi faire. »
« Je ne suis pas un
songwriter »
Lady Sleep sembre
être l’œuvre d’un pianiste classique qui, ayant
redécouvert ses compositions ait décidé de poser des
mots dessus. D’ailleurs pour Maximilian Hecker les
paroles sont accessoires dans la composition. « Je
suis plus un musicien qu’un poète. J’ai besoin de
chanter quelque chose donc j’écris des paroles. On me
catégorise
souvent comme un songwriter mais ce n’est pas
le cas. Qu’est ce qu’un songwriter? Tout le monde
est un songwriter même les gens qui font de l’électro.
C’est toujours le même malentendu. Tout ça parce que
je m’appelle Maximilian
Hecker.
Si le nom sur la pochette n’était pas
Maximilian
Hecker mais The Heckers, personne ne penserait à
moi comme un singer-songwriter. Mon son n’est pas
comme celui de Nick Drake. Je ne suis pas un songwriter. »
S’échapper vers la
pureté
Maximilian Hecker exprime
dans Lady Sleep son désir d’atteindre un état
de pureté, débarrassé de toute réalité, dans une quête
sans fin. « L’art est un moyen de créer un
monde meilleur, plus pur, qui délivre un bonheur que tu
ne peux pas obtenir dans la réalité. Pour certaines
personnes c’est comme une religion. Chacun cherche un
état particulier, une sort d’état in utero où on ne
sent pas encore les contraintes du corps. Cet état se
retrouve lorsque l’on désire intensément
quelquechose. Mais on s’aperçoit vite que ce n’est
pas l’exacte chose que l’on veut, que l’on
cherche. Au
moment où je crois aimer une fille par exemple, ce
n’est pas vraiment
de l’amour, car quand je suis finalement avec
elle, je ne suis plus dans ce même état. Il y a
toujours ce besoin de l’atteindre. C’est pareil avec
avec des choses de tous les jours, on croit que
lorsqu’on a l’objet de notre désir tout est
parfait. Puis on réalise que ce n’est pas une quesion
d’objet. C’est un état
que tu ne retrouves que que quand tu meurs. Lady
Sleep est en fait une personnification de
l’endormissement, un état proche de la mort. Dans la
chanson qui porte son nom, j’ai une aventure avec
elle. Cette aventure finit le matin mais j’ai envie
qu’elle reste pour toujours. »
Maximilian Hecker avec
cet album nous déshabille de notre enveloppe
charnelle, nous fait quitter la contingence. Comme avec Lady
Sleep, l’aventure
se termine, à la fin de l’album. On retourne à la
matière, sachant que l’on peut la quitter à tout
moment… En appuyant sur la touche Play.
Déborah DOUEK
Maximilian Hecker - Lady
Sleep (Kitty-Yo / Pias)
Sortie
le 7 février 2005
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