musique

Just Jack - Overtones

Mercury/Overtones/Universal

[3.5]

 

 

Le buzz est parti très vite pour overtones, l’album de Just Jack. Il aura suffi d’une démo pour séduire son label r outre manche,  quelques plateaux français choisis et quelques apparitions dans les programmes courts de milieu de journée sur notre bonne vieille télé, pour que Jack Allsopp passe du statut d’artiste anglais à petite perle pop presque indé dont on cause au bureau en France et Navarre. Un peu comme le fit il y a quelques mois une autre Anglaise du nom de Lily Allen ou un duo nommé Gnarls Barkley. Alors attention réserve ? Gros Warning soufflé au fromage ?

 

Ben en fait pas du tout. Si on est bien d’accord que le bonhomme officie dans un genre sans vocation qu’on appelait jusqu’au début des années 90, la pop. Sans appartenance au courant machin, sans rupture avec l’esthétique de bidule, ou le son garage de Brol. Rien de tout ça. Juste de la pop, de son temps, sans doute un brin lisse parce fédératrice, mais fondamentalement efficace. De la pop anglaise quoi, dans son plus beau et plus évident appareil. Il y a  tous les artifices du genre à la sauce 2007. L’accent de lads, le phrasé qu’on attribue à son existence Camden-oise, le flow rap apanage musical d’une nouvelle génération (enfin nouvelle… on se comprend) et surtout, surtout, une mise en musique qui fait la part belle au gimmick, au refrain qui s’insinue tout droit dans le siège de notre mémoire, et nous force à siffloter comme un idiot quand l’ascenseur du bureau, pris au parking, s’arrête au zéro pour montrer à l’accueil qu’on est pas quelque voyou tentant de s’immiscer aux étages supérieurs.

 

Parce que l’univers musical pop de Jack est construit sur la base d’un flow rappé avec accent, Just Jack n’échappe pas à la comparaison avec the Streets époque original pirate material Mais la comparaison s’arrête à peu près là. L’un a décomposé le rap pour le tourner à l’anglaise et à la pop ; le second part du même matériel vocal, mais enrichit ses compositions à force d’une touche de sonorité RNB et d’un grosse rémoulade de funk. Ça c’est pour ses additions « contemporaines ». Mais on sait le bonhomme imprégné de eighties curiennes ce qui donna en son temps un joli mash-up, et à l’album peut-être, sa consonance parfois mélancolique entre les bombinettes sautillantes. Du coup si on devait comparer Just Jack à quelque étendard anglo-saxon, on a envie de convoquer l’oriflamme de Stereo MC’s. Comme les Stereo mc’s de l’époque, Just Jack possède cette capacité à faire groover sa pop, sans réellement tomber dans les canons du groove, sans réellement être vraiment pop par sa présence musicale. Comme les MC’s les quelques titres vraiment percussifs deviendront sans doute des hymnes intemporels (starz in their eyes est bien parti pour en tous cas). Et comme les MC’s c’est quand Just Jack ralentit le tempo, ouvre son cœur et habille ses ballades de plus de personnalité, qu’il nous intéresse le moins.

 

On ne sait trop vraiment comment Allsopp abordera le second album ? On ne sait trop si la pop musique aujourd’hui friante de RAP/RNB ne se sera pas dégagée de ce canon, comme le rock est en train de se défaire du garage. On ne sait pas non plus si comme Mike Skinner pour The Streets, le bonhomme perdra la « masse populaire » en radicalisant un peu sa formule. En attendant… on profite d’un vrai bon album pop, bien sous tous rapports et réellement efficace dans ses meilleurs moments.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Writer's block

02. Glory days          

03. Disco friends        

04. Starz in their eyes         

05. Lost           

06. I talk too much            

07. Hold on

08. Symphony of sirens

09. Life stories

10. No time

11. Mourning morning

12. Spectacular failures

 

Durée : 57’ 47’’

Date de sortie : 29/01/2007

 

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