Jan
Jelinek - La nouvelle pauvreté
~scape/la
baleine - 2003
Non, La nouvelle pauvreté n’est pas le titre
d’un récent essai à caractère sociologique
expliquant la faillite des précédents gouvernement en
matière d’emploi et de politique sociale, mais il
s’agit simplement du titre d’un album composé par
un recycleur fou du nom de Jan Jelinek qui
s’emploie à redonner vie à de petits fragments de
musique jazz ou soul mais aussi de bruits divers en les
incorporant dans une musique électronique étrange mais
de toute beauté.
La nouvelle pauvreté peut
donc se voir, ou plutôt s’écouter, comme étant le
fruit d’un savant assemblage musical à la limite du
post rock et d’une forme de micro-électronica
savante mais jamais pénible. Même s’il paraît assez
difficile d’emblée de trouver des points de
ressemblance avec quelconque artiste de la scène
musicale actuelle, on évoquera, malgré tout, au fil
des titres et des écoutes, le nom de Tarwater
tant ce groupe semble se rapprocher le plus du travail
de Jan Jelinek sur cet album.
Riches des sonorités les plus variées, La nouvelle
pauvreté est réellement un album étonnant et
passionnant, d’une part parce que malgré l’aspect
assez austère de la démarche et du titre, cet album
est très accessible et très diversifié ;
d’autre part parce qu’il nous plonge dans des
univers urbains mélancoliques et lumineux dans lesquels
on se balade avec une totale aisance et une surprenante
désinvolture.
Alternant dub profond, électronica chirurgicale ou
minimal house, La nouvelle pauvreté se révèle
être un album chaleureux qui bien qu’utilisant des
samples de musique soul, ne ressemble à aucun moment
aux groupes de french touch qui ont fait la
gloire du genre il y deux ou trois ans. Bien au
contraire, ces samples, à défaut de servir
d’ossature aux morceaux, se trouvent être utilisés
de manière bien plus recherchée, de façon à ne
jamais sombrer dans la facilité qui peut incomber à ce
genre de démarche.
Album spacieux et recelant mille idées géniales à la
seconde, La nouvelle pauvreté
peut être considéré sans doute comme l’un
des albums de musique électronique le plus intéressant
entendu au cours de la première moitié de l’année
2003. Dévoilant de nouveaux horizons à chaque écoute,
ce disque est un régal authentique pour des oreilles
exigeantes en mal de chaleur, de douceur et de grâce
musicale.
Benoît
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