Maximilian Hecker
- Lady Sleep
Kitty-yo/Pias
- 2005
[4.0]
|
|
|
|
Pénétrer dans le nouvel album du Berlinois, c’est un
peu comme se retrouver condisciple de Werther, ce
jeune homme torturé par son amour pour une jeune femme
destinée à un autre par les convenances du beau monde.
Un amour archétypique du romantisme allemand du 19esiècle,
mêlant ravages de la passion, torture de l’âme, et
qui serait dépeinte par quelque toile d’artiste usant
les huiles en des tableaux où Werther aurait
l’air tout petit perdu au milieu d’une nature
sombre, englobante, effrayante autant que majestueuse.
On se doute qu’évoquer Goethe pour parler
d’un musicien romantique allemand doit faire partie
des poncifs de la chronique européenne. Qu’importe,
nous ne voyons ici pas de meilleure image pour décrire
le travail de l’homme au milieu de sa vingtaine, qui
se déclare inspiré par l’amour, qui écrit sur
l’amour, qui compose des pièces musicales qui
transpirent le sentiment écorché et la passion brûlante.
Rose,
précédent et second opus d’Hecker nous avait
fait découvrir son travail, mélange contre nature de
sentiments déroulés au son du piano et de guitare échevelée
comme seules en sont capables les groupes rock/pop.
« Profonde blessure, un miroir sur le côté
narcissique qui sommeille en chacun de nous »
disait un magazine à l’époque. Un must en tous cas
qui, en plus, laissait présager que le jeune homme
avait trouvé dès ce second opus, sa voie et sa
signature musicale particulière. On en redemandait. Et
c’est exactement ce que Maximilian Hecker nous
propose ici, perpétuant une alchimie réussie sur le précédent
album. Amateur de nouveautés à chacun des nouveaux
essais d’un artiste, passe ton chemin… Mais sache
que tu risque de faire l’impasse sur un petit « brillant »
musical fort efficace.
De plus, dire que lady sleep est l’exact
prolongement de Roses ne serait pas forcément
rendre à l’album l’hommage qu’il mérite. Certes
la méthode reste la même et le sentiment prend le même
chemin, irrigué au sang des veines tranchées, mais Hecker
a resserré la formule. Il supprime le superflu,
quelques cuivres, quelques cordes, pour recentrer son
propos sur sa voix de falsetto, son jeu de piano emprunt
de mélancolie revancharde et sur quelques titres
seulement, une guitare élèctro-acoustique ou
exceptionnellement électrique et distordue. Ne gardant
que les éléments essentiels de la « méthode Maximilian »
il réussit un nouveau numéro d’équilibriste entre
la larme qui coule et la larme qui se contente de
mouiller l’œil.
Emouvant
et intime, l’album touche du doigt la beauté pure. Il
perpétue le voyage au pays onirique de Maximilian
Hecker. Avec un peu moins de surprise sans doute, un
peu moins de rage aussi, mais quelques mélodies pleine
de grâce. Et qu’importe si un vieux fond « jamais
content » tapi dans l’ombre de notre plaisir
d’auditeur redoute qu’à force de piquer la même
veine Hecker finisse dans quelques albums à
provoquer la surdose chez une partie de son auditoire,
dont votre serviteur. En attendant, vous reprendrez bien
un peu de spleen ?
Denis
Verloes
Tracklist :
01
Birch
02 Anaesthesia
03 Summer Days In Bloom
04 Daze Of Nothing
05 Everything Inside Me Is Ill
06 Full Of Voices
07 Help Me
08 Snow
09 Dying
10 Yeah, Eventually She Goes
11 Lady Sleep
Durée
: 52’
18’’
Date
de sortie : 7
février 2005
>
Réagir
sur le forum musique
Plus+
www.maximilian-hecker.com
www.pias.com
www.kitty-yo.net
|