Rompant
avec une certaine tradition contemporaine qui voudrait
voir tous les groupes en provenance de New York cracher
en l’air, porter le blouson noir ou les Converse
vocales puis fournir des chansons calibrées
parfaitement pour le format radio… Voici que déboule The Double, un groupe en provenance de Brooklyn, qui tente de
prendre la ligne électrique à contre-courant. Un
groupe qui veut se rapprocher du monde de l’expérimentation,
selon une trajectoire qui n’a rien à voir non avec
les opus façons Clap
your hands say yeah ou Arcade
Fire, autres marottes du monde moderne quand on évoque
le mot « recherche sonique».
Pas
forcément similaire certes mais pourtant bien difficile
à décrire ou à référencer sans l’avoir écouté…
Et même d’ailleurs, après l’avoir passé au crible
d’une écoute attentive. Pour parler de leurs
influences musicales, le groupe cite d’ordinaire :
Syd
Barrett, Alice Coltrane, the Beatles, Horace Andy, the
Zombies, Suicide, Brian Eno, Keith Hudson, et le
Velvet Underground. Et si on comprend un peu
pourquoi, il ne faut pas que l’auditeur s’attende à
retrouver dans Loose
in the air la moindre trace de mimétisme.
A
cette palette de rapprochements plutôt bancals, on a
envie d’ajouter Sonic
Youth pour l’énergie brute et prolongée qui se dégage
des titres les plus rageurs, les premiers albums de Pulp
sur Fire records pour l’impression de claustrophobie, Pink Floyd emmené par Gilmour
pour les compositions qui utilisent la voix écorchée
comme composante sonore ou pour cette recherche de la déstructure
du format pop traditionnel. Même s’ils ne sonnent là
non plus ni comme les uns, ni comme les autres. Tout est
en fait question de parallélisme d’intention,
d’atmosphère, et de savoir faire. Petit cousins
involontaires de leurs savants fous de compatriotes: TV
on the Radio.
Comme
autant de mariages contre nature David
Greenhill (basse et chant),
Jacob
Morris (clavier), Jeff McLeod (batterie
et électronique)
Donald Beaman (guitare et chant)
joignent psychédélisme et
gothique, punk rock et rock progressif, guitare et synthétiseur,
la pop sombre et immédiate et le rock réflexif. Une
démarche expérimentale intelligente mais qui, au son,
apparaît assez évidente. Une réflexion musicale qui
s’amuserait à déconstruire un titre rock en y
bidouillant une atmosphère et des silences comme Robert
Smith en aurait rêvé à l’époque de pornography.
Une recherche qui est capable d’utiliser la détente
inspirée par des titres « en fleurs »,
apanage habituel des déroulés psyché, pour repeindre
en noir ou en gris foncé leurs petites aventures sur
phonogramme. Un album à éviter bien
les jours de blues, ce dernier ayant un étonnant
effet catalyseur. Un album intéressant, à la démarche assurée. Un troisième
opus de ce groupe, qui ne se livre pas à la première
écoute et qui ne fédèrera forcément pas l’unanimité
des auditeurs. Mais ne sont-ce pas là justement les
caractéristiques d’un bon album ?
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Up All Night
02.
Idiocy
03.
Icy
04.
On Your Way
05.
Ripe Fruit
06.
Hot Air
07.
What Sound It Makes the Thunder
08. In
the Fog
09.
Dance
10.
Busty Beasty
Durée
: 42'09
Date
de sortie : février 2006
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Idiocy
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(REAL)
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