musique

The Coral - Magic and medicine    

deltasonic - 2003

 

    En 2002,en plein retour d’un rock à guitare, que nombre d'entre nous n'avaient pas vu partir, la presse musicale anglaise a cherché à tout prix un rival possible à la déferlante new-yorkaise des Strokes. De cette effervescence sont sortis des groupes comme The Libertines, Radio 4, l’outsider Hoggboy, pour ne citer que quelques exemples plus ou moins flatteurs.

    L’album éponyme de The Coral, arrivé à nos oreilles en juin 2002, nous donnait à entendre une bande de 6 mini-minots typiquement british qui débarquaient toutes guitares dehors, trop heureux de voir l’industrie musicale se pencher sur leur musique de potes. Le résultat a enflammé la presse britannique en quête de hype nationale. Le disque, pourtant, aurait pu être enregistré par n’importe quel groupe en herbe un peu inspiré. Le melting-pot manquait de structure - comme une chambre mal rangée-, les influences venaient tout droit d’illustres prédécesseurs, et aux mélodies manquaient encore la touche personnelle qui aurait pu lancer le groupe à l’assaut des charts. On pouvait y reconnaître pèle-mêle : la voix saturée apanage des anglais, la basse groovy chère aux Stone Roses et autres Charlatans, la pop à guitare des La’s, les envolées hippies proches de Love ou le ska des Specials. Le tout lancé à 120 à l’heure, en grappe et sans discernement, aux oreilles des auditeurs pas encore conquis.

 

    Mais la donne change avec ce magic and medicine largement au dessus de son petit frère né un an plus tôt. On y retrouve pourtant les mêmes ados de Liverpool – mais quel âge ont-il s au juste ? - aux manettes de ce nouvel essai. Ils s’abreuvent toujours au même registre musical. Mais est-ce le temps qui passe, la maturité en devenir ou l’expérience grandissante ? Toujours est-il que les influences semblent désormais plus digérées, plus assumées, moins copiées. Les titres sont construits, les idées maîtrisées, bien structurées, distillées de chanson en chanson et non plus servies en vrac à nos oreilles.

 

   The Coral ne révolutionne pas plus l’histoire rock’n’roll que les autres groupes rock de bonne tenue débarqués cette année (The Tyde, The Thrills, Sleepy Jackson).

Pourtant, des apaisés Market Blues, Milkwood Blues aux refrains efficaces de don’t think you’re the first , c’est un groupe plein d’énergie canalisée qui avance dans l’histoire de la pop sans vergogne et d’un pas assuré. Ils marchent sans peur et sans l’ombre d’un reproche sur les cendres froides des La’s, en apportant leur sens inné de la petite trouvaille sonore ou mélodique. En témoigne l’émotion contenue de ballades comme Careless Hands, Secret Kiss par exempleIls pourraient rire au nez des essais ratés de Cast ou se fendre d’un rire gras devant l’entêtement de Travis à chercher le gimmick pop qui ouvre les portes des radios jeunes ; leur humilité musicale est telle qu’ils tracent leur petit sentier musical sans plus se soucier des autres groupes, vers la plus grande respectabilité. Un album à découvrir. C’est le moins qu’on leur doive. Vive l’Angleterre !

 

Denis