Him
- Many
in high places are not well
1/2
FatCat Records/ Pias - 2003
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Voici assurément l’album le plus emballant qu’il
m’ait été donné de chroniquer ce mois-ci. Him
est une de ces formations, à géométrie variable, qui
distille depuis plusieurs années un mélange musical
(d)étonnant. Doug Scharin ex membre de June
77, Rex et Codeïne en est la tête pensante.
Il s’est entouré de musiciens en provenance de tous
les Etats-Unis et du monde, aux influences et CVs très
variés : Christian
Dautresme
(The Letter E, The Screw), Kristin
Valtysdottir (Mùm), Rob Mazurek (Isotope
217), Abdou M’boup (Tom Club), Joe
Goldring (Swans), Adam Pierce (Mice
Parade). Doug nous
revient entouré de ce Him, nouvelle formule,
enrichie à l’éclectisme.
Dans Him, entendez le rastafarien « his
imperial majesty », et non Him, « his
infernal majesty ». Vous feriez une erreur de
casting auditif qui vous conduirait à écouter un
groupe de heavy-metal finnois. His
imperial majesty donc. Néanmoins,
avec tout le respect qu’on a envie de porter aux
musiques en provenance de la Jamaïque, on trouve très
peu de reggae dans many in high places are not well…
Même si les influences « ethniques »
ensoleillées existent bel et bien pour ces musiciens créatifs
livrant un brûlant mélange d’afro-fusion, de funk,
de dub et de jazz. Ces influences percent
continuellement au travers des cuivres de la basse
roulante, de la guitare fusion et de la batterie. La
basse est roulante et groovy. Authentique. Les cuivres
emmènent les patterns du jazz vers la simplicité du
rock. Facilement reconnaissables, simples, mélodiques.
On songe tout à la fois à l’électro ethnique de Herbie
Hancock façon 00’s et au jazz fusion de Sixun.
Mais, au jeu des ressemblances, on se rend compte que ce
genre de rapprochements sont encore trop réducteurs.
Car il y a de la voix, et de la pop dans les
constructions musicales de Him. Des constructions
couplet-refrain mélodique, l’apparition subreptice de
voix… qui envoient l’auditeur lorgner du côté de Tortoise
et de l’intelligent rock en provenance de Chicago. Des
construction formatées qui rappellent les escapades
ethniques du très pop Damon Albarn sur Mali
music.
Un album qui se moque des frontières habituelles placées
entre les styles de musique. Une fusion de genres
qui tend à mélanger toutes les influences sus-mentionnées,
dans un grand chaudron aux confins du jazz, de
l’ électro et de la pop. Un bouillon du meilleur goût
dont émergent 7 perles musicales à mettre dans toutes
les oreilles avides de mélanges.
Sept titres qui réussissent à amener le jazz à la
portée des amateurs de pop ou sept titres pop que ne
snoberont pas les amateurs de jazz. Sublime !
On
attend les concerts avec impatience, pour vérifier sur
scène la viabilité de cet excellent
melting pot sonique.
Denis
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