Fervent
défenseur du premier opus éponyme, en 1996, quand
avait déboulé le premier lp, on était resté scotché
par le son énorme du premier album. Ah cette incroyable
vélocité de la batterie soutenant à toute vapeur deux
accords d’une guitare désaccordée de deux tons au
moins. L’album
tourne encore régulièrement sur notre platine.
Malheureusement,
la suite n’a pas été une suite de bonheurs renouvelés.
Après un without
you I’m nothing qui enfonçait le clou du premier
album et ouvrait au groupe les voies d’un succès
hexagonal, on est allés de déconfiture en déconfiture;
entre un black
market music en forme de barnum caricatural d’une
formule déjà dangereusement usée par les deux
premiers albums et un sleeping
with ghost qui n’apportait plus rien, mais alors
plus rien du tout au discours esthétique de la
formation… On avait fini par ranger le trio au rayon
des cachetonneurs pour bande FM et cautions de soirées
mondaines à coloration indie. Un groupe vidé de toute
prétention artistique, mais résonnant désormais au
son d’une formule sonore quasi mathématique et rémunératrice.
Voici que sort Meds,
précédé d’un tout gros battage médiatique et de
rumeurs d’un retour du trio à des préoccupations liées
à la manière de faire progresser le son de Placebo
et sa démarche musicale globale.
Et
force est de constater que l’album a au moins le mérite
de remettre le travail sur le métier, sans se contenter
de remâcher seulement un peu plus la même formule. Il
y a bien sûr les scies attendues, qui iront tout droit
dans les programmations (meds,
because i want you, post blue et
la ballade Pierrot
the clown) des radios de djeun’s. Mais ce n’est
pas une surprise. Il faut bien que Brian
mange. La surprise relative nous provient du reste de
l’album, ces titres exceptés.
Grâce
à la patte sonore de Dimitri
Tikovoï et Flood,
la production de l’album s’alourdit un peu du côté
du métal et de l’ampleur globale. Très souvent, au
fil de Meds,
on en vient à oublier que Placebo
n’est qu’un trio. Les guitares prennent de
l’ampleur, la voix de Molko
nasille un peu moins (ou se noie plus dans les
instruments c’est selon) et l’efficacité des mélodies
est relayée par un son massif, surproduit, plein de détails
(écho, delay, reverb’)
et d’arrondis.
C’est
d’ailleurs par ce son et cette production qu’on goûte
à la déconstruction de certains titres, non uniquement
basés sur couplet-refrain-pont, qu’on profite de
l’amplitude que se donne le groupe, à coups
d’arrangements électroniques (rythme, bleeps…) mais
aussi par la rupture beaucoup plus régulière du
postulat, trois hommes/ trois instruments : par
l’ajout de guitares apparemment additionnelles, de
claviers de soutien ou de guest stars The
Kills (Alison Mosshart),
Michael Stipe. One
of a kind, drag, infra red sont les plus dignes représentants
d’un Placebo à
l’ancienne passé avec efficacité à la moulinette
d’une nouvelle production, tandis que in
the cold light of morning, song
to say goodbye et space
monkey, permettent au trio d’investiguer plus
avant « ce qui fait une chanson de Placebo »
et de remettre en question la nature musicale du groupe.
Au
final un album un peu bâtard, entre tics commerciaux et
véritable volonté de se réinventer. Avec comme
d’habitude l’immédiateté qui fait qu’un titre de
Placebo est
reconnaissable entre 10, quoique interchangeable ;
mais aussi de vrais signes d’un désir d’apporter du
neuf à l’auditeur. Après l’adhésion ou non à ce meds vient du degré de fan attitude qui sommeille en nous, ou à
l’âge du capitaine. C’est selon.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Meds
02.
Infra-Red
03.
Drag
04.
Space Monkey
05.
Follow the Cops Back Home
06.
Post Blue
07.
Because I Want You
08.
Blind
09.
Pierrot the Clown
10.
Broken Promise
11.
One of a Kind
12.
In
the Cold Light of the Morning
13.
Song to Say Goodbye
Durée
: 47’
09
Date
de sortie : 13/03/2006
Plus+
www.effet-placebo.fr
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