De
temps en temps, à l’heure de rédiger une chronique,
votre serviteur se voit bien marri de ne pouvoir
retranscrire la moue qui pointe sur son visage. Cette
manière un peu soudaine qu’à un album, apparemment
anodin et inoffensif, de toucher plus qu’un autre
l’auditeur. A ce point que toute tentative de
description de la sensation perçue s’en trouve
d’avance vouée à l’échec. Parce qu’oscillant
entre tradition, habitude et « petit supplément
d’âme » imperceptible qui rend soudain la
galette indispensable ou presque. Il en fut ainsi pour
ce même serviteur du premier Stone Roses, du His
n Hers de Pulp, de Crooked rain de Pavement
ou plus récemment du at war with the mystics
de Flaming lips et du premier essai de Architecture
in Helsinki.
Ainsi
donc aussi de l’album des texans de Midlake. On
était, comme beaucoup, passés sans le voir devant le
premier album de la formation de Tim Smith,
pourtant chroniquée par ce webzine. On reste sans voix
devant ce nouvel opus à l’étrange pochette, inspirée
paraît-il d’une photo de magazine de mode qui aurait
projeté son aura sur la composition et
l’enregistrement de cet album concept. On plonge donc
à pieds joints dans l’histoire de Van Occupanther, héros
de cette fable en 12 tableaux que composent les différents
titres de l’album. Un album contant la vie d’une
bourgade esseulée au fin fond du monde, marquée par
les affres de l’histoire. Une ville
que le personnage de Van Occupanther se charge de
nous faire découvrir,
passant du cousin à la grand mère, à sa vie
quotidienne et à ses plaisirs simples,
avec une bienveillante pédagogie musicale.
Avec
un matériel somme toute assez simple, l’album se déroule
avec une grande réserve, mais beaucoup de réussite. Le
concept fleuve sonne ici très largement adéquat ;
alors que son corollaire chez Grandaddy, just
like the Fambly cat –groupe avec lequel
Midlake ne partage pas que cette similitude–
joue la carte (de visite) à fond, en se tablant sur
la puissance et les différentes colorations qui ont
fait la notoriété du groupe. Midlake semble
inventer un groupe nouveau pour ce nouvel opus, et
aligne avec une précision d’orfèvre que ne renierait
pas les sus-cités Flaming Lips, des ballades au
tempo doux mais pas lénifiant qui prennent l’auditeur
par la main pour ne plus ensuite la lâcher. Midlake
pioche ses compositions et quelques sonorités vintage
dans le bréviaire rock et folk des années 70 mais ne
la joue pas pâle copiste. Ses ballades, cette
contrainte formelle, à l’instar des Lips
d’ailleurs, Midlake parvient à les intégrer,
à les mettre en évidence sans y prêter une totale allégeance.
De cette tournure, de cette peinture en plusieurs
tableaux, le groupe parvient à sortir un album à
l’approche sonore très moderne et très personnelle où
le chant dédoublé vient porter comme une douce
signature.
Charmant,
inspiré, réconfortant et plongeant l’auditeur dans
une douce et non analysable béatitude, l’album de Midlake
est ce genre de pierres précieuses un peu brutes qui de
loin ressemblent à toutes ou partie des autres pierres,
mais parent celui qui s’en orne d’une lumière sincère
et fascinante. Un des « musts ear » de 2006.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Roscoe
02.
Bandits
03.
Head Home
04.
Van Occupanther
05.
Young Bride
06.
Branches
07.
In This Camp
08.
We Gathered in Spring
09.
It Covers the Hillsides
10.
Chasing After Deer
11.
You Never Arrived
Durée :
44’51
Date
de sortie : 06/06/2006
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