Blonde
Redhead - Misery is a butterfly
4AD/Beggars - 2004
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Nouvel album pour les frères italo-newyorkais
Pace
et la chanteuse japonaise Kazu Makino , depuis
l’impeccable et très pop Melody of a certain
damaged lemon. Un album qui voit le groupe signer
chez 4AD et quitter le label Touch and go qui les
hébergeait jusque-là.
Le groupe qui décide de changer de label, décide aussi
d’élargir son champ d’action et l’ampleur de ses
productions. Et
le mot d’ordre qui préside à la destinée de tout
l’album est « sentiment ». Sentiments mélancoliques,
en touches de pastels gras et gris, mais étalés sur
une large toile ; avec une ampleur dramatique
impressionnante qui se répercute dans le nombre
d’instruments convoqués au service de ces mélodies
parfaites. Ampleur que l’on retrouve jusque dans la
production aux petits oignons. Elle tend à détacher le
chant du reste des instruments sans pour autant nuire à
l’intérêt musical de l’album. Des instruments qui
d’ailleurs se répondent sans se voler la vedette, à
la limite de ce son lo-fi façon Sonic Youth, qu’on
croyait jusque là être la marque de fabrique du trio.
A la limite, mais toujours maîtrisé, travaillé,
trituré pour rester sans défaut.
Elephant woman,
en ouverture, n’aurait pas dépareillé sur un album
de Divine Comedy ancienne mouture, si le chant
plaintif et immédiatement reconnaissable de Kazu
ne venait surpasser le chant du clavecin, et de la
rythmique beatlesienne. Sur Messenger,
dans la même veine musicale, c’est au tour
d’Amadeo Pace de faire progresser
l’album sur le même thème. Rythmique répétitive et
nappes de guitares y servent d’ écrin à son
chant caractéristique. Le ton est donné à l’album
qui enfile perle sur perle mélancolique dans la même
veine. Quand la guitare se fait absente, c’est au tour
du piano ou du violoncelle de poser sa complainte en
forme de ritournelle, terreau au chant de Makino
ou d’un des jumeaux Pace, servi sur le lit
d’une batterie métronomique, comme une mini signature
de la Redhead’s touch.
On se laisse porter par ce voyage romantique au bord
d’une falaise où rugirait la mer (une mer peinte avec
un souci du détail assez spectaculaire).
On se prend à penser que falling man
ferait un single intéressant, en bon étendard du
groupe et des voies empruntées par ce nouvel album;
avant de sourire en retrouvant avec le final Equus
et sa mélodie pop entraînante, les composantes du Redhead
façon Melody of… à peine camouflé, et
finalement très rassurant.
Album parfait, placé à la fois sous le signe du
changement et de la continuité, si Misery is a
butterfly alors on ne saurait que trop vous
conseiller de vous munir de votre filet dès la fin de
cette chronique, et partir à la chasse aux papillons…
Denis
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