Dionysos
- Monsters in love
Barclay/universal
[3.5]
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Comme il existe une recette et une amertume particulière
à une marque de bière définie, comme les White
Stripes sans rouge ni blanc ne seraient pas vraiment
les White stripes ; il existe désormais une
recette qui fait qu’un album de Dionysos est un
album de cette formation. Et c’est d’ailleurs ce qui
ne manquera pas d’irriter une part du public en quête
de nouveauté ou d’évolution, ou celui qui en aurait
marre du goût musical et littéraire de la bande à Mathias
Malzieu. C’est
ce qui rassurera aussi, les fans moins pointilleux sur
la date de péremption d’une formule, tant que l’énergie
et la musique sont bonnes.
Car
Monsters in love poursuit une esthétique déjà
entamée avec le western sous la neige et ébauchée
avec haiku. Il y a d’abord, cette énergie rock
exultant de chaque titre, qui donne la matière à la réputation
de meilleur groupe de scène français de la formation.
Cette capacité à partir en live électrique sur base
d’un titre à gimmick qui commence doucettement, façon
Sonic Youth ou Pavement, quelque part en
mi les ‘90s. Il y a aussi ce français assumé,
racontant de petites histoires qui jouent sur les mots,
leur seule sonorité, ou rendent surréalistes des
petits moments glanés dans le tout un chacun. On y repère
une fois encore cette volonté de s’embarquer en
anglais sur plusieurs titres, quand bien même
l’accent est à couper au canif. Qu’importe, cette hésitation
"frenglish" fait désormais partie de la Dionysos’
touch
On
y trouve par ailleurs les effets pervers de song for
a jedi. Désormais un album de Dionysos doit
avoir au moins un tube jouissif, crétin, mais qui
frappe l’imaginaire du plus grand nombre. Au « quand
j’étais petit j’étais un jedi », succède
ici un « tes lacets sont des fées et je marche
dessus » qui fait déjà le bonheur des radios
rock avant de nous saouler définitivement à force de
l’avoir trop entendue.
Alors
on en a marre de Dionysos ? Englué dans ses
propres démons ? duplication mercantile d’une
facilité artistique ? Pas encore et heureusement !
Passant
c’est vrai à un cheveu de la plantade monumentale ou
de l’album cachetonneur, il y a pourtant encore de
quoi se réjouir de Dionysos. Parce que c’est
la seule formation qui ne se prend pas la tête et évite
toujours le cliché « adolescent malheureux en
amour qui souffre » modèle du retour en
vogue du rock en francophonie. Qui d’autre qu’eux
peut faire une chanson racontant des amours d’homme et
de femme acacia, ou narrer les aventures planétaires de
Betty Boop wonder woman ? Le tout sur un rythme
enlevé et un rock produit cette fois par John Parish
(contre Steve Albini précédemment)?
L’écriture aussi continue à évoluer. Est-ce une idée,
ou bien la profondeur des images, la qualité des
sonorités s’est améliorée ? Perdant en immédiateté
ce qu’elles gagnent en richesse textuelle.
Et puis, comme les White Stripes précédemment
cités, Dionysos a décidé d’assaisonner son
nouvel opus de sonorités « à l’ancienne »
où plane l’ombre bienveillante de la country de Johnny
Cash. Piano façon saloon, banjo, ukulélé et
sonnettes même combat, de ce côté et de l’autre de
l’atlantique, donnant une coloration "roots"
et différenciante à un album qui aurait été sinon
une resucée sans charme de son prédécesseur.
Comme
quoi de l’échec cuisant à l’efficacité, tout
n’est peut être question que d’arrangements et de
textes… Et l’album s’élève dans la pop de cette
automne 2005. Et la pochette me direz-vous ? Oh ?
Ben Johan Sfar comme d’habitude !
Denis
Verloes
Tracklist
01
Giant Jack's Theme
02
Giant Jack
03
La métamorphose de Mister Chat
04
L'homme qui pondait des oeufs
05
Broken Bird
06
Miss Acacia
07
Le retour de Bloody Betty
08
Mon ombre est personne
09
I love Liou10 Lips story in a chocolate river
11
Giant John et le sanglophone
12
Tes lacets sont des fées
13
Old child
14
Monsters in love
15
Midnight letter
16
Neige
Durée
: 51'42
Date
de sortie : octobre 2005
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Mathias
Malzieu "Maintenant
qu’il fait tout le temps nuit sur toi"
(Flammarion)
Le
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