musique

Alias - muted  

anticon/chronowax - 2003

 

  

   

    Après le Eyes Closed ep paru au cours du premier semestre 2003, Alias nous laissait entrevoir un album prometteur. Bien décidé à enfoncer le clou dans une musique hip-hop toujours en mouvement il se devait de marquer un peu plus son penchant pour les ambiances obscures construites à partir de beats lourds et de sons synthétiques froids. Chose faite avec Muted, un album de producteur parfait dans lequel le bonhomme prouve une fois de plus son talent à manier le sampler et à en sortir des sonorités intrigantes. Il arrange à merveille pour donner un album réussi, comme souvent sur Anticon.

 

    Album que l’on pourrait définir comme abstract hip-hop, Muted, comme son prédécesseur The other side of the looking glass sorti en 2002, est basé essentiellement sur les ambiances. Pour ainsi dire quasi-instrumental, muted offre néanmoins la parole à Markus Archer de Notwist sur le très beau et très mélancolique Unseen sights confirmant ainsi la prédominance de la pop et de l’électronica dans la musique d’Alias. Car finalement de hip-hop pur et dur, à proprement parler,  il n’en est pas trop question, mais plutôt de musique hybride entre électronica, breakbeat et pop.

 

    Véritable expérimentateur, toujours en recherche de puissance, Alias réussit le pari de fabriquer une musique dans laquelle hip-hop et electronica arrivent à faire bon ménage. Moins foutraque ou artisanal que les albums d’Odd Nosdam ou Dosh, Muted est un disque mûri au soleil qui regorge de finesse et dont les arrangements recherchés et barrés en font un disque passionnant à bien des égards.

 

    Nourri d’influences allant du jazz à a la drum’n’bass, en passant par le rock ou la musique de film (rappelant par-là l’esprit d’Amon Tobin ou de Prefuse 73), Alias nous offre un disque tout en contrastes, navigant d’un univers à l’autre avec toujours comme fil rouge le hip-hop. Bien assorti à son label, Alias joue une musique décontractée et tranquille, pétrie d’ambiances fumeuses et ténébreuses  dans laquelle il impose le son Anticon de manière élégante en en donnant une version peut-être plus sophistiquée que ses comparses, rappelant à l’occasion qu’il est bel et bien un véritable producteur, plus q’un rapper.

 

Benoît