Benjamin
Biolay - Négatif
Virgin
- 2003
Non, Benjamin Biolay n’est pas le nouveau Gainsbourg,
(au pire on pourrait le comparer à Daho et
encore...) Non Benjamin Biolay n’est pas le
chef de file de la nouvelle chanson française. Benjamin
Biolay est juste un très bon auteur compositeur
français qui fait de la chanson française pop
d’excellente facture.
Après Rose Kennedy qui constituait déjà un
album majeur pour ce jeune premier qui sortait à peine
d’une session qui a eu le mérite de ressusciter le
vieux Henri Salvador (jardin d’hiver) voici
donc que déboule Négatif, disque ambitieux est
très long (2cds) qui poursuit sur la lancée du précédent
en précisant les choses et en enfonçant un peu plus le
clou dans la tête de ceux qui pensent que Biolay
c’est surfait.
Musicien et arrangeur hors paire (y’a qu’à ouvrir
les oreilles pour s’en rendre compte)
Benjamin
Biolay est un élève doué, sans doute
un travailleur forcené également, mais c’est avant
tout un compositeur doté d’un talent incomparable
pour transformer en or tout ce qu’il touche. Et ce
n’est pas Savaldor, Hubert Mounier, Coralie
Clément, Keren Ann ou récemment Valérie
Lagrange qui diront le contraire. Le môme a de
l’or dans les pattes !
Sur une tonalité générale plutôt portée sur la mélancolie,
Biolay joue sur tous les tableaux. Passant allégrement
de Burt Bacharach à Lambchop sans aucun
problème, il met tout le monde d’accord avec une
insolence sans borne qui lui vaut d’ailleurs parfois
de mettre involontairement en avant certains défauts,
dont celui, semble t-il, de ne vouloir jamais s’arrêter
dans l’amoncellement des couches de peinture musicale.
Mais quand on aime la couleur peu importe finalement.
Peu importe que le garçon nous gâte les oreilles comme
il le fait avec des musiques travaillées, ciselées et
polies à outrance. Le résultat est là et ça
s’entend.
Coté textes, Biolay reste encore de l’autre côté
de l’Atlantique, et après les Kennedy, il nous refait
l’Amérique profonde à sa façon avec tant de mélancolie,
de désuétude vaine qu’on ne peut être qu’ému par
une telle aisance à nous raconter le mythe américain
qui sent bon le papier jauni et les road-movies en cinémascope.
Artiste désormais accompli, Benjamin Biolay apporte
la preuve avec Négatif que l’on peut compter
sur lui et que la place "d’artiste populaire
mais pas vulgaire" qui semblait vacante depuis
bien longtemps pourrait bien lui revenir, si la France
entière se décide un jour à lâcher un peu les jeunes
produits meuglant à longueur de temps à la télé pour
un artiste qui mérite, lui, cent fois plus les étoiles
de la renommée.
Benoît
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