Ölvis
- S/t 1/2
Resonant
/la baleine - 2004
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Se
lancer dans l’écoute d’un album paru
sur les terres du label Resonant, ce
serait en résumant de manière un peu pataude, comme
visiter l’Islande musicale, avec à la main un guide
de voyage sonore édité par le label. C’est en tout
cas, à chaque nouvelle sortie, la certitude de plonger
dans un univers particulier. Un univers généralement
peint en touches de gouache musicale piochées dans la
palette des gris. Un monde souvent triste, généralement
mélancolique, où les courants de la musique
contemporaine se donnent rendez-vous, en un gros
melting-pot de genres, de sonorité et de types sonores,
concourant tous à l’aménagement de
l’atmosphère, de l’ambiance et du ton général du
disque.
Ölvis
ne faillit pas à cette règle désormais générale.
L’album suit une voix sonique en forme de « macédoine ».
Mélange de folk d’électronique et de post rock, Orlygur
Thor Orlygsson aka Ölvis nous invite à
monter à bord de son imaginaire, de sa représentation
du monde, du Brésil,
comme le suggère la pochette ?
Pourtant
ce voyage outre-mer, dans les yeux d’un Islandais,
semble forcément passer par les rivages arides de l’île
glacée, que les samples nous donnent à entrevoir.
Comme si l’auteur s’était assis sur un rocher au
bord de la mer hivernale de l’île du nord. Là,
assis, il se mettrait à raconter, pour des auditeurs
autochtones en quête de rêve, à quoi ressemble les
pays de l’autre côté de l’Atlantique, dans le
chaud et vibrant hémisphère sud.
Etonnement dans ce Brésil islandais, point de samba ni
de carnaval rieur, mais un mélancolie cyclique en décalage
avec les rythmes Bazi-ù autant qu’avec les rivages de
l’électronique islandaise
que l’Europe a appris à connaître (Mùm,
Gus gus, Staffron Hakon…) Une pattern sonore qui
n’en finit pas de réapparaître au fil de cet album
calme et spleenique, comme une spirale chamanique tentée
sur l’auditeur; comme une mélopée entêtante, fil
rouge de tout l’album, note de bas de page de toutes
les atmosphères que l’auteur cherche à faire découvrir.
Il ne manque pas grand chose pour que cet album se
trouve une place de choix dans nos discothèques…
Pourtant, dès qu’on a compris le style de l’auteur,
sa manière de raconter son histoire musicale au long
d’un goodnight que je conseille sans hésiter,
l’album semble se prendre les pieds dans ses artifices
de constitutions. Les tentatives d’hypnose sautent si
grossièrement aux oreilles, qu’on ne peut s’y
laisser endormir les sens. Les longues plages de
guitares cycliques, ainsi déshabillées de leurs
oripeaux mystiques, apparaissent comme autant de pièces
liées ensemble, cousues au fil blanc, pour le compte
d’une histoire islandaise par laquelle on peine à se
laisser porter. Dommage, d’autant qu’il n’aurait
guère fallu qu’un peu plus de finesse pour se laisser
captiver par le récit musical, raconté par un jeune
homme de 25 ans, qu’on finit par quitter, seul sur son
rocher, au bord de la mer, battu par les embruns de
l’arctique.
Denis
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