musique

Magwheels / Stone Glass Steel - Pane   1/2

adnoiseam - 2003

 

 

 

    Après un premier album véritablement envoûtant, sorti en 2002 sur le label Ad Noiseam (basé à Portland dans l’Oregon), David Sullivan, tête pensante du projet ambiant/expérimental Magwheels se rappelle à notre bon souvenir en s’associant, cette fois-ci, à Phil Easter, plus connu sous le nom de Stone Glass Steel pour un album en forme de dialogue musical dans lequel se répondent guitares, samplers et pédales d’effets.

Plus qu’un Split lp, Pane, album écrit à 2 + 2 mains, peut se comprendre comme une progression lente vers les profonds abîmes de la musique expérimentale jouée ici par deux musiciens aventureux et expérimentateurs passionnés.

 

    L’album démarre avec Magwheels.

    Sur 8 titres de durées inégales et réunis sous le sous-titre The only window is so high up, l’artiste propose des atmosphères calmes, utilisant, par moment, de douces nappes ambiant très pures sur lesquelles viennent se poser quelques notes de guitares (Sundeenovember). A D’autres moments, les sons se font plus sales et la musique plus expérimentale, rendant, du coup, l’approche moins facile et mettant l’auditeur dans une situation moins confortable. (Monolithic songbird).

 

    Faite, en grande partie, de plages assez courtes, cette première partie comprend néanmoins un titre de plus de 8 minutes (The only window is so high up) sur lequel on s’attardera plus particulièrement. On y retrouve des atmosphères glauques et inquiétantes à souhait, des ambiances post-apocalyptique pour lesquelles il est difficile de ne pas imaginer des images de désolation (paysages urbain dévasté, ville désertée nature irradié et déshumanisée…)

Très réussie d’un point à l’autre, cette première face (obscure) de l’album prépare le terrain pour les deux titres de 20 minutes chacun présentés ensuite par Stone Glass Steel.

 

    The last rays of sunlight paint fire on the window regroupe donc sur 40 minutes les deux morceaux fleuve dans lequel Phil Easter réussit à faire passer quelques émotions bien senties mais totalement dénuées de chaleur.

Comme une musique des profondeurs marines, The Last Rays of Sunlight annonce un paysage désertique et sans doute oublié dans lequel on se perd volontiers et avec facilité tant les repères sonores semblent quasi-inexistants. Pas le moindre battement, juste des strates sonores qui se croisent ou s’empilent pour former un ensemble assurément très captivant et finalement très poétique.

 

    D’une beauté sombre et sous un aspect abstrait et presque irréel, Pane est un album qui propose une forme d’introspection, au cœur d’une musique expérimentale emplie de sensibilité, de profondeur et de puissance. Un disque dépouillé qui se bonifie au fil des écoutes.

 

Benoît