musique

Thomas Fersen - Le pavillon des fous

tôt ou tard/warner

[3.5]

 

 

Sixième album au compteur pour cet ancien gavroche du 20e arrondissement de Paris ; de quand ce coin de Paname n’était pas encore envisagé avec envie par les bobos, du temps où on n’y croisait pas encore des Barnabé rue des Pyrénées… Sixième album, dans la continuité, pour l’homme dont les pochettes sont toujours signées Jean-Baptiste Mondino, mélangeant réalisme et surréalisme… Plutôt Delicatessen que Amélie, si vous voyez ce qu’on veut dire.

 

Dans la continuité certes, mais peut-être aussi plongeant plus encore dans le réalisme et le quotidien, un peu claudiquant, un peu trivial, un peu dur, un peu humoristique. A l’instar du personnage de l’Orange Mécanique auquel l’œil de Thomas Fersen en tête de pochette semble faire référence. Un quotidien repoussant, mais des acteurs attachants.

 

Dans cette galerie de portraits, et de faits du quotidien passés à la loupe de Fersen, on y repère les ingrédients habituels de la formule Fersen  : le piano y dispute la vedette mélodique à la guitare et au combo basse batterie très discret, tandis que les arrangements font ici la part belle aux cordes, mais sans jamais en faire trop. Sorte d’anti-Bénabar, on loue le charme de cette musique qui en fait beaucoup mais pas trop, là où on était proche de l’indigestion à l’écoute du live au Rex pour le chanteur sus-cité.

 

Continuant notre anti-comparaison, - qui vaut ce qu’elle vaut-, on remarquera que les deux hommes partagent un timbre assez similaire et une manière de poser le chant assez proche… pourtant, on ne peut s’empêcher de préférer la voix un peu rauque, qu’on imagine chargée des excès de la veille, du sieur Fersen.

 

Et puis, on préfèrera aussi toujours le regard décalé que porte l’auteur des textes de ce Pavillon des fous sur ses compositions. C’est ainsi qu’on s’amuse de Zaza, hymne d’amour improbable à un fidèle quadrupède ; qu’on plaint ou se moque des amoureux mal assortis ou mal compris: Je n’ai pas la gale, Ma rêveuse. On sympathise plus loin avec les sombres réflexions d’un Hamlet de Bretagne sur Mon Macabre ou avec l’hagiographie d’un tueur en puissance: Hyacinthe (single probable). On s’ébaubit aussi, de la vision surréaliste de mon iguanodon et de Cosmos qui si elle avaient été traitées sans la patte de l’auteur, auraient fini au panthéon des chansons pour mômes de Henri Dès.

 

Bien plus puissant que le Bénabar de la comparaison, Thomas Fersen ne fait pas que relater le quotidien de manière un peu vaine. Il use du quotidien pour aller tâter des limites. Cette petite ligne rouge qui sépare le réel du surréel, la normalité de l’anormalité, l’anormalité de la folie (superbe maudie sur ce  thème en duo avec Catherine Ringer). Cette petite ligne rouge qui fait que l’homme est Homme, et que l’auteur croque ici avec brio.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

1. Hyacinthe

2. Zaza

3. Pégase

4. Mon iguanodon

5. Le tournis

6. Je n’ai pas la gale

7. Mon macabre

8. Maudie

9. La chapelle de la joie

10. Ma rêveuse

 

Durée : 40'

Date de sortie : octobre 2005

 

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