Sixième
album au compteur pour cet ancien gavroche du 20e
arrondissement de Paris ; de quand ce coin de
Paname n’était pas encore envisagé avec envie par
les bobos, du temps où on n’y croisait pas encore des
Barnabé rue
des Pyrénées… Sixième album, dans la continuité,
pour l’homme dont les pochettes sont toujours signées
Jean-Baptiste Mondino,
mélangeant réalisme et surréalisme… Plutôt Delicatessen
que Amélie,
si vous voyez ce qu’on veut dire.
Dans
la continuité certes, mais peut-être aussi plongeant
plus encore dans le réalisme et le quotidien, un peu
claudiquant, un peu trivial, un peu dur, un peu
humoristique. A l’instar du personnage de l’Orange
Mécanique auquel l’œil de Thomas
Fersen en tête de pochette semble faire référence.
Un quotidien repoussant, mais des acteurs attachants.
Dans
cette galerie de portraits, et de faits du quotidien
passés à la loupe de Fersen,
on y repère les ingrédients habituels de
la formule Fersen
: le piano y dispute la vedette mélodique à la
guitare et au combo basse batterie très discret, tandis
que les arrangements font ici la part belle aux cordes,
mais sans jamais en faire trop. Sorte d’anti-Bénabar,
on loue le charme de cette musique qui en fait beaucoup
mais pas trop, là où on était proche de
l’indigestion à l’écoute du live au Rex
pour le chanteur sus-cité.
Continuant
notre anti-comparaison, - qui vaut ce qu’elle vaut-,
on remarquera que les deux hommes partagent un timbre
assez similaire et une manière de poser le chant assez
proche… pourtant, on ne peut s’empêcher de préférer
la voix un peu rauque, qu’on imagine chargée des excès
de la veille, du sieur Fersen.
Et
puis, on préfèrera aussi toujours le regard décalé
que porte l’auteur des textes de ce Pavillon
des fous sur ses compositions. C’est ainsi qu’on
s’amuse de Zaza,
hymne d’amour improbable à un fidèle quadrupède ;
qu’on plaint ou se moque des amoureux mal assortis ou
mal compris: Je
n’ai pas la gale, Ma rêveuse. On sympathise plus
loin avec les sombres réflexions d’un Hamlet de
Bretagne sur Mon
Macabre ou avec l’hagiographie d’un tueur en
puissance: Hyacinthe
(single probable). On s’ébaubit aussi, de la vision
surréaliste de mon
iguanodon et de Cosmos
qui si elle avaient été traitées sans la patte de
l’auteur, auraient fini au panthéon des chansons pour
mômes de Henri
Dès.
Bien
plus puissant que le Bénabar
de la comparaison, Thomas
Fersen ne fait pas que relater le quotidien de manière
un peu vaine. Il use du quotidien pour aller tâter des
limites. Cette petite ligne rouge qui sépare le réel
du surréel, la normalité de l’anormalité,
l’anormalité de la folie (superbe maudie
sur ce thème
en duo avec Catherine
Ringer). Cette petite
ligne rouge qui fait que l’homme est Homme, et que
l’auteur croque ici avec brio.
Denis
Verloes
Tracklist
:
1.
Hyacinthe
2.
Zaza
3.
Pégase
4.
Mon iguanodon
5.
Le tournis
6.
Je n’ai pas la gale
7.
Mon macabre
8.
Maudie
9.
La chapelle de la joie
10.
Ma rêveuse
Durée
: 40'
Date
de sortie : octobre 2005
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