musique

Le Tone - Playlist   

Naive - 2003

 

 

 

    Voilà un disque que l’on ne sait par quel bout prendre tant il désarçonne, tant il semble avoir le cul assis entre deux chaises. On voudrait lui accorder toute notre sympathie mais on n’y arrive vraiment pas au vu de l’aspect inégal qui ressort de ce playlist. Alors on fait le ménage, on trie le bon grain de l’ivraie, et on finit sur une poignée de titres avec lesquels on passera malgré tout un bon moment pour peu que l’on soit nostalgique des musiques synthé Moog chères au vieux Jean-Jacques Perrey.

 

    Souvenez-vous, on avait découvert Le Tone sur la compilation Sourcelab 3 avec Jean Jacques et les Dauphins un titre en forme d’hommage à Jean-Jacques Perrey (comme son nom l’indique) monsieur que l’on retrouvait d’ailleurs dans cette même compilation aux côtés des Français de Air. Quelques temps après, sortait, en catimini le premier album intitulé Le petit Nabab. Le Tone entrait alors dans la cour des grands de la french touch sans tambour ni trompette mais avec son sampleur de bazar et ses ritournelles à deux balles mais pleines de charme. Son joli dragon, single improbable mais finalement prévisible, conquit la France branchée et traversa sans complexe la manche pour connaître un succès d’estime chez nos voisins anglais.

 

    Quelques années plus tard, alors que le son électro a bien évolué, Le Tone revient plus mûr, dans une production plus travaillée, dans un autre état d’esprit, sans doute aussi, avec l’espoir de reconquérir ceux qui l’avaient oublié depuis près de quatre ans mais de toucher également un nouveau public venu d’horizons différents.

 


    Pour ce Playlist Le Tone a convié au micro plusieurs voix. Parmi elles, Nicolette (qui collabora avec Massive Attack à une époque) Emilie Simon ou encore Deborah Anderson. Fini les rengaines cheap et rigolotes, Le Tone s’est armé d’un son moderne et a préféré les sirènes du R&B au joli dragon, qui doit aujourd’hui croupir dans une cave humide, le pauvre.

Alors Le Tone a t-il complètement retourné sa veste ? Heureusement non, car si l’on veut bien écarter les insipides Soundz of life, My world ou encore wh(o)at, on découvrira de petite perles instrumentales qui se cachent derrière le gros son à la mode.

Commençons par le titre d’ouverture A Moscou que l’on croirait sorti du répertoire des versaillais de Air (période Moon safari). Plus loin Nostalgie de l’avant garde se laisse aller à une douce electronica proche de celle d’un Mùm. Avec New Memory, Why ou boite, il la joue Air versus M83 sur des sonorités à fortes influences 70’s qui redonnent tout son sens à la musique du Tone et la couvre d’une mélancolie qui lui va si bien.

 

    On passera rapidement sur le cd de remixes qui accompagne cet album mais qui n’apporte rien à l’ensemble. Et c’est donc quelques regrets que l’on termine d’écouter cet album et avec Le Tone en personne qui précise en substance aux détracteurs qui lui reprochent son revirement musical : « Si je fais du R'n'B, c'est pour m'adresser à une large audience, bien sûr, mais aussi parce que ce type de production m'intéresse, il me permet d'exprimer d'autres choses » Alors dans ce cas…

 

Benoît