musique

Poni Hoax - Poni Hoax

Tigerushi/Discograph

[4.0]

 

 

Avec Poni Hoax, on ne saura sans doute jamais où s’arrête la sincérité et où débute la pose. On ne parviendra pas vraiment à trancher quand ces 5 parigauds sont réellement inspirés, usant d’une formation à la base jazz, ou quand ils se transforment en têtes à claques de Paname, se la jouant ‘80s parce que c’est au moins aussi « hype » que de pratiquer le punk Babyshambles-ien des Parisians. Il n’en demeure pas moins qu’avec son costume de dandy étriqué, et sa mèche façon lycée de Uccle ou café du Trocadéro, le compositeur Laurent Bardainne  est en train de réaliser avec son « crew » un joli consensus laudatif au travers des festivals estivaux de cet été 2006, au fil de shows barrés rendant « fous » les titres du premier album éponyme.

 

C’est que Poni Hoax, aka Bardainne, Nicolas Ker au chant entre Morrissey et Jarvis Cocker, Arnaud Roulin clavier électro ou baggy vintage, Nicolas Villebrun guitare à vagues et à gimmick,  Vincent Taeger, batterie martiale façon électro ou juste rock ; bouffe à tous les rateliers des ‘80’s. Mais c’est aussi la première fois qu’on utilise cette expression sans dénigrer le groupe qui la pratique, tant la démarche semble artistique, maîtrisée, intériorisée plutôt que juste calquée. Une sorte de hoquet dans les années 2000 d’un repas entamé quelque part en 87/88.  Un maelström constitutif duquel le compositeur fait émerger des pop songs modernes, un peu glauques mais froidement belles, qu’il habille avec des sonorités issues de tous les univers des eighties. Aussi à l’aise dans le rock que dans la musique synthétique. Une sorte de New Order qui inviterait le fantôme du patron Ian Curtis (Joy Division) à venir chanter au milieu de son groupe synthétique, comme s’il n’avait jamais disparu du monde des vivants.

 

Une pointe d’électronique sombre comme l’a popularisée Felix da Housecat, une pointe de Pulp époque freaks, la disco pop d’Enola gay, le songwriting du Moz’, mais aussi la fusion du jazz de Weather Report en de longues envolées « synthético-rock and rollantes » que ne renieraient pas tout à fait les gusses de My bloody valentine. C’est un résumé, forcément bancal, de la musique des Français de Poni Hoax. Soit par ailleurs, autant de matière pour le dancefloor et les remixes que pour les pogos du milieu de la fosse.

 

Seul bémol à l’album : quelques traces d’essoufflement en bout de course, où on sent comme un relâchement de l’écriture, à laquelle soudain on s’accroche juste un tout  petit moins (she sells anger, le fil du temps); et l’incapacité de la production somme toute très (trop ?) propre, à rendre le condensé de folie et d’énergie du live entr’aperçu du côté des Eurockéennes. Pour le reste, on n’hésitera pas à parler du titre de meilleur groupe français chantant en anglais, depuis Phoenix. Allez bonne écoute !

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. She's on the Radio
02. Budapest
03. Carrie Ann
04. Involultive Star
05. Cheerleader in My Dreams
06. Drunks and Painters on Parade
07. I Shall Take it Anyway
08.
L.A. Murder Motel
09. She Sells Anger
10. Le Fil du temps

 

Durée53’

Date de sortie : 29/05/2006

 

Plus+

Le site officiel

L’espace Myspace